« Nous comptons près de 100 000 personnes russophones en Finlande, cette fermeture de la frontière n’est pas qu’une mesure sécuritaire », Linda Haapajärvi, France Culture , 26 janvier 2024

Depuis le 29 novembre, la fron­tière entre la Finlande et la Russie est fermée. Une déci­sion prise par Helsinki, qui accuse Moscou de mener contre elle « une attaque hybride » en envoyant des migrants sans papiers venus de plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient à la fron­tière, environ un millier depuis août selon des infor­ma­tions de l’AFP reprises par France 24 fin novembre. « Le phéno­mène observé ces dernières semaines à la fron­tière doit cesser », avait alors déclaré le Premier ministre Petteri Orpo, notant que « la migra­tion instru­men­ta­lisée en prove­nance de Russie s’est poursuivie ».

C’est dans ce contexte que Linda Haapa­järvi, socio­logue et cher­cheuse affi­liée à l’Institut Conver­gences Migra­tions, est inter­venue le 26 janvier dans « Le temps du débat » sur France Culture.

« Je pense que 1300 personnes, pour la Finlande, un pays de 5,5 millions d’habitants, un des pays les plus riches de l’Europe, avec un état social, des admi­nis­tra­tions extrê­me­ment déve­lop­pées, ne vont pas faire s’effondrer le pays, on a affaire à une panique morale », analyse-t-elle.

Elle rappelle égale­ment que la Finlande a vu ses poli­tiques migra­toires se durcir depuis l’été et l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle coali­tion de droite. Une coali­tion qui a mis sur la table « une série de propo­si­tions de réformes en termes de poli­tiques migra­toires qui extrê­me­ment simi­laire » à la nouvelle « loi immi­gra­tion » fran­çaise.

Linda Haapa­järvi s’inquiète égale­ment des consé­quences de la ferme­ture de la fron­tière sur la mino­rité russe, « première mino­rité présente en Finlande ». « Nous comp­tons près de 100 000 personnes russo­phones en Finlande, c’est à peu près un cinquième de la popu­la­tion immi­grée de notre pays donc cette ferme­ture de la fron­tière n’est pas qu’une mesure sécu­ri­taire », analyse la socio­logue. « Cela va avoir aussi des consé­quences extrê­me­ment réelles sur les vies de famille, les orga­ni­sa­tions de la société civile, les travailleurs et par exemple les milliers d’étu­diants qui sont présents en Finlande, qui sont russes, (…) on va créer des vies extrê­me­ment compli­quées pour la mino­rité russe », craint-elle.

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