Diasporas en guerre

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Présentation du projet

Ces dernières années ont provoqué deux afflux impor­tants de réfu­giés en prove­nance des pays post-sovié­tiques vers l’Union euro­péenne. Premiè­re­ment, en 2020, l’élection prési­den­tielle frau­du­leuse orga­nisée en Biélo­russie s’est accom­pa­gnée de mani­fes­ta­tions prolon­gées et d’une mobi­li­sa­tion poli­tique sans précé­dent. Afin d’éviter les répres­sions, les diri­geants et les parti­ci­pants des mani­fes­ta­tions qui n’avaient pas été empri­son­nées – jusqu’à 100–150 milles personnes – ont fui le pays et se sont instal­lées prin­ci­pa­le­ment en Lituanie et en Pologne. Deuxiè­me­ment, l’agres­sion russe contre l’Ukraine en 2022 a entraîné l’exode de plus de 5 millions de personnes, compo­sées prin­ci­pa­le­ment de femmes et d’en­fants, qui se sont propa­gées à travers l’Eu­rope, la Pologne restant le prin­cipal pays d’ac­cueil. Pour répondre aux besoins crois­sants de cet afflux massif de réfu­giés, les orga­ni­sa­tions non gouver­ne­men­tales de l’UE ont commencé à s’im­pli­quer et à étendre leurs acti­vités, en four­nis­sant une aide maté­rielle et une assis­tance aux ressor­tis­sants ukrai­niens qui ont fui à l’étranger ou sont restés dans leur pays d’origine.

Le projet « Diasporas at War », financé dans le cadre du programme Flash Ukraine de IC Migra­tions, se concentre sur les groupes orga­nisés de popu­la­tions exilées biélo­russes et ukrai­niennes en France et en Pologne, et sur les inter­ac­tions entre les orga­ni­sa­tions de la diaspora de deux natio­na­lités impli­quées dans la lutte poli­tique contre des régimes auto­ri­taires iden­tiques ou proches. Nous visons à répondre aux ques­tions de recherche suivantes :

1) Réac­tion à la guerre. Comment les deux diasporas ont-elles réagi à la crise poli­tique et huma­ni­taire liée à l’agres­sion russe contre l’Ukraine en 2022 ? Comment l’am­pleur et la portée de la mobi­li­sa­tion ont-elles changé en raison de la guerre ? Quels types d’ac­tions ont été entreprises ?

2) Rela­tions inter-diasporas. Comment l’im­pli­ca­tion du régime de Louka­chenko dans la guerre a‑t-elle affecté les actions menées par la diaspora biélo­russe et les rela­tions entre les deux diasporas (biélo­russe et ukrai­nienne) ? Comment les inter­ac­tions ont-elles commencé et évolué, ont-elles porté sur l’aide huma­ni­taire ou sont-elles allées au-delà de l’aide maté­rielle ? Y a‑t-il eu une trans­mis­sion de savoir-faire et de pratiques entre les organisations ?

3) Repré­sen­ta­tion poli­tique. Dans le cas de la diaspora biélo­russe, dans quelle mesure les orga­ni­sa­tions visent-elles à former une repré­sen­ta­tion poli­tique du pays d’ori­gine ? De quelle manière les acti­vités huma­ni­taires (aux Ukrai­niens) sont-elles corré­lées avec les acti­vités primaires anti-régime ? Dans le cas des deux diasporas, dans quelle mesure la guerre a‑t-elle changé l’auto-percep­tion des commu­nautés post-sovié­tiques ou russo­phones à s’orienter vers le national ?

4) L’uti­li­sa­tion des médias sociaux. Comment les deux diasporas ont-elles utilisé les réseaux sociaux comme outil effi­cace de commu­ni­ca­tion et de mobi­li­sa­tion ? Les groupes de médias sociaux se sont-ils trans­formés en orga­ni­sa­tions formelles et si oui, comment ce processus s’est-il déroulé ?

Pour répondre à ces ques­tions, nous prévoyons de mener des entre­tiens appro­fondis semi-struc­turés avec des repré­sen­tants de deux diasporas en France et en Pologne.

Porteur

Agnieszka Fihel