Cette étude démarrée le 1er janvier 2020 porte sur les liens entre la mobilité urbaine et la covid-19 à Bogotá (Colombie) et à Lima (Pérou). Ayant souvent des emplois informels qui les obligent de sortir de chez eux et à emprunter les transports en commun, souvent bondés, ces personnes sont beaucoup plus exposées au virus que les travailleurs des classes supérieures, en télétravail et travaillant à proximité de leur lieu de résidence.
Dans cet article, l’auteur interroge nos capacités de projection au temps du confinement. Face à la limitation des mouvements, à la monotonie et aux contacts restreints il semble difficile de se projeter dans l’avenir. Or, cette fonction apparaît comme étant essentielle selon l’auteur car c’est elle qui permet de donner « une direction à notre vie et nourrir un sentiment d’autonomie et d’identité ». Les mesures en période de confinement mettent à mal ces projections et les plans élaborés en dehors de la vie routinière. L’incertitude oriente non seulement nos perceptions des risques mais également nos prises de décisions en réduisant notre capacité à se projeter. Mais l’auteur montre également que l’optimisme personnel résiste alors même que nous avons une vision négative de l’avenir, conduisant certains à chercher une « conséquence positive » à cette rupture pour mieux « réinventer le futur ».
Grenet, M. (2021). « Enterrer les « Turcs » à Livourne en 1762 : sépultures étrangères, espaces littoraux et ségrégation spatiale », in Brizay, F. & Sauzeau, T. (dir.), Les étrangers sur les littoraux européens et méditerranéens à l’époque moderne (fin XVe-début XIXe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 113 – 124.
Transnational Death, un recueil d’articles sur la mort en contexte des migrations transnationales, interroge les réalités de la mort en migration à l’intérieur des frontières des États-nations occidentaux, dans le cadre ordinaire des hôpitaux et des foyers familiaux, loin des contextes violents des zones frontalières maritimes et désertiques ou des hotspots, des centres ou des campements où sont regroupés les migrants et où se produit bien souvent la mort par la migration.
Note p.19 :
« Espaces d’accueil, d’enfermement et de confinement
“Un confinement dans l’enfermement” : c’est ainsi que Michel Agier décrit la “double peine” des personnes migrantes durant la pandémie (41). Dans les campements, hotspots et centres d’hébergement, espaces non choisis d’exil forcé, les demandeurs et demandeuses d’asile disposent de peu d’espace, rendant les mesures de distanciation sociale particulièrement difficiles à appliquer. Les frontières entre hébergement et enfermement ont de plus été particulièrement flouées. En République Tchèque, le centre de détention et d’hébergement Bela-Jezova, qui assurait déjà des fonctions mixtes avant la pandémie et où les conditions de vie avaient été critiquées, a également fait office d’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile arrivés dans le pays dans la période de confinement(42).
Des pratiques de confinement “préventif” ont en outre amené des demandeurs et demandeuses d’asile à être plus strictement confiné-e‑s que les résidents du pays, suite au diagnostic d’un‑e ou plusieurs résident-e‑s de structures d’accueil comme positifs au virus. C’est le cas du camp de Malakasa, où vivent près de 2000 personnes, placées en quarantaine le 5 avril, suite au diagnostic d’un homme porteur du virus. Les hotspots surpeuplés de la mer Egée ont depuis été également confinés, confinement prolongé jusqu’au début du mois de juillet, alors que la population grecque et les touristes sont libres d’aller-et-venir. Or, dans des lieux exigus, où les personnes partagent des points d’accès à l’eau, et doivent faire la queue pour obtenir de la nourriture, les conditions d’une propagation rapide du virus sont réunies. L’épidémiologue Bozorgmehr a par exemple réalisé une étude dans 42 centres d’hébergements de demandeurs et demandeuses d’asile allemand-e‑s touché-e‑s par le coronavirus : le taux de contamination y était en moyenne de 17%, soit comparable à la propagation à bord du Diamond Princess (43). Ce confinement dans l’enfermement a par ailleurs vu naître des mouvements de protestation, ainsi que des initiatives auto-gérées. Des résident-e‑s de deux hotspots grecs, Moria (Lesbos) et Lepida (Leros) se sont par exemple auto-organisé-e‑s en Coronavirus Awareness Taskforce, diffusant informations et bonnes pratiques à leurs co-résident-e‑s.
(41) Agier Michel, “Les vies encampées, et ce que nous en savons”, Libération, liberation.fr, publié le 21 avril 2020.
(42)EMN, “Special Annex to the 30th EMN Bulletin, EU Member States & Norway : responses to COVID-19 in the migration and asylum area”, europa.eu, publié en mars 2020
(43)Uhlmann Berit, “Blinder Fleck im Infektionsschutz”, Süddeutsche Zeitung, sueddeutsche.de, publié le premier juin 2020. »
Ce numéro traite des politiques entourant la gestion et la mobilité des morts en mettant en relief les pratiques développées par les différents acteurs impliqués dans la trajectoire des morts (personnes endeuillées, administrateurs, services funéraires, agences frontalières, réseaux, etc.). D’autre part, dans une perspective critique, il souhaite faire réfléchir aux effets de ces politiques sur les vivants, mais aussi sur les espaces funéraires « contraints » à la diversité. Enfin, c’est en documentant les expériences vécues par les personnes migrantes lorsque la perte d’un être cher se produit à distance que plusieurs auteur.e.s de ce numéro proposent de rendre visibles les défis et les barrières multiples (juridiques, financières, etc.) qui peuvent faire obstacle au processus de deuil.
Avec les contributions de S. Tarrés, A. Solé Arraràs, J. Moreras, N. Afiouni, F. Lestage, L. Rachédi, M. Idir, J. Sarenac, P. Stoesslé, A. V. Rodriguez-Maroun, P. Konan et K. Girardet.
Il est déjà difficile d’affronter un deuil ; en contexte migratoire, vivre deuil et immigration, c’est vivre deux processus d’adaptation à des mondes inconnus. Un des buts de ce livre est de comprendre cette terra incognita par le témoignage des immigrants qui ont vécu un deuil, l’expérience des travailleurs sociaux et les études des chercheurs. Il fait œuvre de pionnier en offrant un bilan des connaissances sur le sujet de la mort en contexte migratoire, au Québec, mais également ailleurs dans le monde. Grâce à un travail de terrain au plus près de migrants de diverses origines nationales, culturelles et religieuses vivant au Québec – musulmans, bouddhistes, chrétiens -, il rend compte de la multiplicité d’expériences empreintes tout autant de défis que de solutions créatives. Il propose également d’aider à comprendre le deuil des autres – ceux qui sont nés ailleurs ou dont les parents sont nés ailleurs – pour mieux les accompagner.
Préface de Françoise Lestage.
Chapitres sur : Mort et deuil des Congolais à Montréal (Marie-Rosaire Kalanga Wa Tshisekedi), sur l’adaptation des pratiques rituelles funéraires et postfunéraires des hindous (Béatrice Halsouet et Marie-Ève Melanson), et sur la sépulture musulmane au Québec (Hadjira Belkacem)
La pandémie est un fait social total, mais elle en révèle un autre : le soin. Le soin en première ligne dans l’urgence, sous toutes ses formes et face à toutes les dimensions de l’épreuve. Enfin, le soin dans tous les aspects de nos vies. D’où la réflexion qui émerge de la sidération. Et ces chroniques écrites au fur et à mesure par des professionnels de santé, philosophes, socioanthropologues, psychiatres et psychanalystes, qui montrent comment la pandémie mobilise les puissances du soin, dans l’urgence et l’épreuve, mais aussi dans la durée et pour construire le monde.
Dans cet ouvrage : chapitre de M‑C. Saglio-Yatzimirsky, sur le soin et les exilés en temps COVID