Diaspora chinoise en Île-de-France

Les trois films présentés dans le cycle « Diaspora chinoise en Île-de-France » donnent à voir la diver­sité des routes migra­toires et l’im­por­tance du passage d’une géné­ra­tion à l’autre. Monsieur et Madame Zhang décrit les parcours de migrants sans-papiers et le marché du travail ethnique ; Fleurs Amères s’intéresse plus parti­cu­liè­re­ment aux femmes et aux situa­tions de déclas­se­ment social ; Riz canton­nais inter­roge les rela­tions entre géné­ra­tions et de façon plus inti­miste, la doulou­reuse trans­mis­sion de la mémoire.

Parler de diaspora chinoise, permet de prendre en compte à la fois les immi­grés arrivés « des Chines » (Répu­blique popu­laire, Taiwan, Hong Kong et Macao), et les exilés des commu­nautés chinoises du Sud-est asia­tique fuyant les régimes commu­nistes après 1975. Si l’histoire de l’immigration chinoise en France remonte au début du 20ème siècle, c’est surtout la vague de réfu­giés d’Asie du Sud-est qui a rendu visible cette popu­la­tion. L’immigration chinoise augmente depuis régu­liè­re­ment suite à la réou­ver­ture des fron­tières de la Répu­blique popu­laire de Chine et à la mondia­li­sa­tion de l’enseignement supé­rieur. En effet, si les routes irré­gu­lières d’immigration restent une réalité, la première porte d’entrée en France aujourd’hui est le visa étudiant.

La diver­sité de la diaspora chinoise tient aussi au passage des géné­ra­tions : enfants et petits-enfants de migrants trans­forment la vie commu­nau­taire et les repré­sen­ta­tions de la diaspora en France.

De récents événe­ments ont mis en lumière cette popu­la­tion. A partir de 2010, des acteurs écono­miques de la commu­nauté ont orga­nisé des mani­fes­ta­tions pour dénoncer les violences qui la visaient. La plus impor­tante est celle de septembre 2016 qui a suivi le meurtre de M. Zhang Chaolin à Auber­vil­liers. En 2017, d’autres rassem­ble­ments ont été orga­nisés suite à l’assassinat d’un second immigré chinois par un poli­cier, faisant ainsi écho aux débats sur les violences poli­cières. En paral­lèle, des asso­cia­tions et des person­na­lités média­tiques se mobi­lisent pour dénoncer et décons­truire les discours xéno­phobes et la réalité des microa­gres­sions vécues au quoti­dien. Plusieurs procès ont retenu la dimen­sion raciste de discours et d’agressions lors de condam­na­tions dont celle des agres­seurs de Zhang Chaolin. Enfin, des initia­tives cherchent à inscrire l’histoire de l’immigration chinoise dans le paysage fran­çais, telle l’inauguration devant la gare de Lyon d’une statue en l’honneur des travailleurs chinois durant la Grande Guerre. 

La pandémie de coro­na­virus a vu se multi­plier expres­sions de senti­ments anti-chinois ou senti­ments xéno­phobes visant indif­fé­rem­ment toutes personnes aux origines asia­tiques. Mais cela a été aussi l’occasion pour les personnes mobi­li­sées de faire passer sur des médias grand public leur volonté de ne pas être systé­ma­ti­que­ment consi­dérés comme des étran­gers et comme des proies faciles aux préjugés et aux violences.

Hélène le Bail est chargée de recherche au CNRS en science poli­tique et fellow de l’Institut Conver­gences Migra­tions. Ses travaux portent sur les migra­tions chinoises en France notam­ment fémi­nines ainsi que sur leurs mobi­li­sa­tions et actions collectives.

Les fleurs amères 

Réalisé par Olivier Meys 

France, 2017, 1h36, fiction, VOSTFR, Urban Distribution
Avec Meihuizi Zeng, Geng Le, Xi Qi, Wang Xi

Lina, une jeune femme ambi­tieuse, laisse son mari et son fils en Chine pour partir à Paris afin de leur assurer un avenir meilleur. Son projet : ouvrir un restau­rant dans sa ville d’origine. Mais une fois en Europe rien ne se passe comme prévu. Un temps travailleuse domes­tique, elle s’insurge contre son exploi­ta­tion et décide de se pros­ti­tuer. Elle s’en­ferme alors dans un monde de mensonges pour ne pas aban­donner son rêve.

Mercredi 7 oct. 2020, 19h30 
Cinéma Le Studio, Aubervilliers

En présence de Ting Chen docto­rant en socio­logie clinique et de Florence Lévy docteure en socio­logie, auteure d’une thèse sur les migrants chinois du Nord de la Chine.

Jeudi 8 oct. 2020, 19h30 
Le César, Marseille

En présence d’Hélène le Bail chargée de recherche en sciences poli­tique, rela­tions inter­na­tio­nales, spécia­liste de la diaspora chinoise en France.

Monsieur et Madame Zhang 

Réalisé par Olivier Jobard et Fanny Tondre 

France, 2012, 52 min, docu­men­taire, VOSTFR, What’s up films, Arte France

Il y a en France environ un demi-million de Chinois, dont 60 000 vivent dans la clan­des­ti­nité. Arrivés avec l’espoir de faire fortune, leur destin n’est pas celui dont ils rêvaient. Certains se demandent aujourd’hui s’ils doivent prendre le chemin du retour. À travers l’his­toire des Zhang et celle de toute une commu­nauté, se dessine peu à peu un regard nouveau sur les migra­tions de ces dernières années.

Vendredi 9 oct. 2020, 20h30 
Cinéma Cin’Hoche, Bagnolet

En présence de Juan Du docteure en socio­logie, auteure d’une thèse sur le marché informel du loge­ment et du travail et de Ya-Han Chuang docteure en socio­logie, auteure d’une thèse sur la mobi­li­sa­tion poli­tique des migrants chinois en France.

Riz Cantonais 

Réalisé par Mia Ma 

France, 2015, 50 min, docu­men­taire, VOSTFR, Gloria Films

« Je ne parle pas trois mots de canto­nais parce que mon père ne me l’a jamais parlé et parce que je suis nulle en langue. Ma grand-mère ne parle pas trois mots de fran­çais parce qu’elle n’a jamais eu envie de l’apprendre. Pour traduire entre elle et moi il y a mon père, mais il rechigne à le faire. Alors je vais rencon­trer d’autres immi­grés chinois, aux langues et parcours diffé­rents. Grâce à ces détours, la perte de la langue origi­nelle trouve peu à peu un sens. »

Mia Ma a béné­ficié du dispo­sitif Cinéaste en rési­dence porté par Péri­phérie Centre de Créa­tion Cinéma en Seine-Saint-Denis.

Le projet Émergence(s) « Chinois​.es en Île-de-France » a financé le sous titrage de Riz Canto­nais en chinois.

Dimanche 11 oct. 2020, 11h 
Cinéma L’Escurial, Paris

En présence de la réali­sa­trice Mia Ma et de Yu-Sion Live maître de confé­rence en socio­logie à l’Université de la Réunion. Il travaille sur les commu­nautés chinoises en France.

Riz Canto­nais est projeté égale­ment dans le cadre des « Dimanches du Doc »