Jérôme Valette, économiste au CEPII et directeur du département DYNAMICS à l’IC Migrations, revient dans un entretien avec Alternatives Economiques sur le volet économique du texte de loi sur l’immigration, présenté par le gouvernement à partir du 6 novembre. Il rappelle ce que dit la recherche en la matière.
Il explique que les 700 000 ‑estimés- immigrés travaillant illégalement sont surtout dans les secteurs en tension délaissés par les nationaux (restauration, bâtiment, service à la personne…). Contrairement aux autres États européens, la France accueille des immigrés relativement peu qualifiés, bien que la tendance s’inverse depuis ces dernières années.
Jérôme Valette estime que l’article 3 du projet de loi qui ouvrirait la régularisation aux travailleurs immigrés salariés dans les secteurs en tension est une bonne mesure. Mais il insiste également sur le fait que cette mesure est assortie de conditions très dures : il faut justifier de trois ans de présence sur le territoire, avoir travaillé huit mois au cours des 24 derniers mois et être compétent dans cette liste des métiers en tensions.
Le chercheur avance que le travail est un moteur important de l’intégration : « Le fait d’arriver sur un territoire avec une interdiction de travailler réduit de 15 % la possibilité d’obtenir un emploi ensuite. Cela a aussi des effets négatifs durables sur la capacité des immigrés à s’intégrer. Permettre aux personnes de travailler dès leur arrivée sur le territoire, c’est maximiser leurs chances d’intégration. »
Seulement quatre pays en Europe autorisent immédiatement aux demandeurs d’asile le droit de travailler. Ce qui est une bonne mesure selon Jérôme Valette car « plus les conditions d’accueil sont favorables à l’arrivée, plus on maximise les chances d’avoir une intégration économique réussie et plus on minimise les coûts, liés au chômage, à une augmentation éventuelle de la criminalité, etc. »
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