PUBLI : Fabrice Langrognet, Voisins de passage, une microhistoire des migrations, La Découverte, 2023, 368 p.

Présen­ta­tion

En portant son regard sur une « cité » d’ha­bi­ta­tion, au cœur de la Plaine-Saint-Denis, Fabrice Langro­gnet offre une passion­nante histoire sociale et cultu­relle des migra­tions en France, du début de la IIIe Répu­blique à la crise des années 1930. La Plaine-Saint-Denis est alors un immense quar­tier indus­triel où se croisent des myriades de migrants issus des classes popu­laires, d’ori­gine provin­ciale, étran­gère ou coloniale.
S’ap­puyant sur des sources inédites qu’il ausculte avec une incroyable minutie, l’his­to­rien raconte comment les occu­pants de l’im­meuble arrivent et repartent, se côtoient et s’ignorent, sympa­thisent et s’af­frontent, redes­si­nant sans cesse les contours de leurs appar­te­nances. Il recons­titue ainsi l’ex­pé­rience vécue de plusieurs géné­ra­tions d’hommes, de femmes et d’en­fants qui cherchent leur chemin dans les fracas du monde. Ici, la silhouette d’un jeune voisin connu pour jouer leste­ment du surin se dresse dans l’étroit passage qui mène à la porte cochère. Là, c’est la proprié­taire impla­cable qui réclame sur-le-champ le paie­ment des loyers. Un peu plus loin, à l’usine, monsieur le direc­teur promet d’une voix bien­veillante une place à quelque neveu resté au pays ; il se montre moins affable quand on lui parle du droit du travail…
Vivre à cet endroit et à cette époque impose de composer avec un envi­ron­ne­ment en constante évolu­tion et de tirer parti, dans mille et une inter­ac­tions quoti­diennes, des règles d’un jeu social complexe. C’est à ce prix que l’on parvient à se repérer dans un univers en ébul­li­tion où les allé­geances natio­nales, ethniques, raciales, de genre et de classe se recom­posent sans cesse.

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