PUBLI : Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, « Santé mentale des migrants : prévenir et agir est une question de santé publique », The Conversation, 10 septembre 2023

Le drame d’Annecy a suscité une émotion natio­nale et fait ressurgir un sujet tabou : la santé mentale des migrants. Le 8 juin 2023, un homme de natio­na­lité syrienne, reconnu réfugié par les auto­rités suédoises et deman­deur d’asile en France a poignardé huit personnes, dont quatre enfants. Comme lors des drames précé­dents de Saint-Laurent-sur-Sèvre ou de Villeur­banne, l’actualité vient percuter le débat sur l’accueil des migrants, et devient propice à la récu­pé­ra­tion par les détrac­teurs d’une poli­tique migra­toire jugée trop laxiste. Il est alors ques­tion de la possible dange­ro­sité des migrants et de leur soi-disant manière de profiter du système de soin fran­çais, d’autant que ce dernier, notam­ment son secteur psychia­trique, est exsangue.

Pour­tant la recherche épidé­mio­lo­gique et clinique est unanime : les personnes migrantes et notam­ment primo-arri­vantes, dont certaines ont vécu des violences extrêmes à l’origine de leur départ – empri­son­ne­ment, torture, viol, agres­sion, etc. – ou lors de leur parcours migra­toire, présentent un surrisque de déve­lopper des troubles psychiques. Ces troubles sont large­ment aggravés par des condi­tions d’accueil problé­ma­tiques, une légis­la­tion inadaptée et la diffi­culté d’accès au soin.

Seule une poli­tique sani­taire et sociale globale peut permettre de prévenir de tels drames, certes rares, et plus large­ment d’assurer une véri­table prise en charge en santé mentale, aujourd’hui maillon faible de la poli­tique d’accueil des migrants, alors qu’elle en est un pilier essentiel.

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