En contestant la prérogative de l’État de faire la distinction entre les membres et les étrangers, les citoyens et les non-citoyens, les mouvements politiques menés par et en faveur des migrants et des réfugiés obligent à s’interroger sur les critères qui peuvent et doivent être utilisés pour déterminer qui peut prétendre à l’appartenance à la communauté politique. Pour illustrer la complexité de cette politique, cet article analyse la principale demande qui sous-tend chaque campagne entreprise par les réfugiés et les migrants sans statut au Canada : un programme qui leur permettrait de » régulariser » leur statut. Il est à noter que ces campagnes sont dirigées à la fois au niveau de l’État et de la ville. Il s’agit de deux sites où des revendications et des contre-revendications concernant la communauté, l’appartenance et la citoyenneté sont formulées par, pour et contre les immigrants sans statut. Dans chaque cas, l’agentivité politique des migrants s’affirme dans des lieux censés la nier, la limiter ou la réprimer. L’article soutient que l’importance de ces sites réside dans le fait qu’ils permettent aux réfugiés et aux migrants « sans statut » d’agir en tant que médiateurs ou traducteurs entre la ville et la nation, entre la polis et la cosmopolis.
Vendredi 29 septembre, 16h30 ‑18h30, en ligne – lectures d’Alex Sager et de Peter Nyers
Le thème de la séance portera sur la contestation des prérogatives de l’Etat dans le contrôle de l’appartenance, et sur l’échelle appropriée de la théorie migratoire.
Nous aborderons cette question à travers la présentation, la discussion et la traduction des textes suivants :
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Lio Ando-Bourguet (ICM) et Juliette Monvoisin (ISJPS) présenteront le texte d’Alex Sager, « Methodological Nationalism, Migration and Political Theory » (Political Studies, 2014)
Cet article du philosophe Alex Sager s’appuie sur des recherches en sciences sociales sur le transnationalisme, la mondialisation et la théorie des systèmes migratoires pour montrer comment les hypothèses nationalistes méthodologiques ont affecté les opinions des théoriciens politiques sur l’appartenance, la culture et la justice distributive. Ce biais a conduit à négliger les agents et les causes moralement saillants, en particulier les agents non étatiques, les agents transnationaux, et les structures économiques, sociales et politiques transnationales. Selon lui, ces agents et structures contribuent à la distribution asymétrique des biens et des opportunités et ont donc des implications importantes dans les débats sur les migrations et la justice distributive.
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Alison Bouffet (LCSP) et Félix Mégret (Sophiapol) présenteront le texte « No One is Illegal Between City and Nation » de Peter Nyers