Vendredi 23 juin, 10h ‑12h, en ligne – Iseult Honohan et Arash Abizadeh

Le thème de la séance portera sur la contes­ta­tion de la préro­ga­tive d’État à contrôler les fron­tières, à partir de deux points de vue : la critique de la domi­na­tion et la critique démocratique. 
Nous abor­de­rons cette ques­tion à travers la présen­ta­tion, la discus­sion et la traduc­tion des textes suivants : 
Camille de Vulpillières (SophiaPol, Univer­sité de Tours) et Juliette Monvoisin (ISJPS) présen­te­ront le texte d’Iseult HONOHAN, « Domi­na­tion and Migra­tion : an alter­na­tive approach to the legi­ti­macy of migra­tion controls » (2014). 
Dans cet article, la philo­sophe I. Honohan s’inspire de la théorie néo-répu­bli­caine pour montrer comment les contrôles de l’en­trée et de la rési­dence pour les non-citoyens, expose ces personnes à une double domi­na­tion, exercée à la fois par l’État (parce qu’elles n’ont pas le pouvoir de contester poli­ti­que­ment ses déci­sions) et par les autres indi­vidus et groupes de la société (parce qu’elles ne béné­fi­cient pas de l’en­semble des protec­tions des citoyens). Selon Honohan, cette domi­na­tion ne concerne pas seule­ment les non-citoyens rési­dents ou ceux qui cherchent effec­ti­ve­ment à entrer sur le terri­toire : la menace d’in­ter­fé­rence ou de coer­ci­tion pèse sur tous les migrants poten­tiels. Toute­fois, contrai­re­ment à un argu­ment fondé sur le droit à la libre circu­la­tion, la réduc­tion de cette domi­na­tion n’exige pas la levée complète des restric­tions à l’im­mi­gra­tion. Le prin­cipe de non-domi­na­tion exige seule­ment que les contrôles migra­toires soient soumis à une régle­men­ta­tion juri­dique supé­rieure, et que les poli­tiques et déci­sions puissent être contes­tées par celles et ceux qui y sont soumis.
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Félix Megret (SophiaPol) et Nain­tara Maya Oberoi (ENS, LCSP) présen­te­ront le texte d’Arash ABIZADEH, « Demo­cratic Theory and Border Coer­cion : No Right to Unila­te­rally Control Your Own Borders », 2008. 
Dans cet article, le philo­sophe Arash Abizadeh remet en ques­tion l’idée selon laquelle le contrôle de la poli­tique d’en­trée, y compris de la circu­la­tion, de l’im­mi­gra­tion et de la natu­ra­li­sa­tion, devrait relever de la discré­tion unila­té­rale de l’État lui-même – la justi­fi­ca­tion de la poli­tique d’en­trée étant due unique­ment aux membres. Cette posi­tion, selon lui, est incom­pa­tible avec la théorie démo­cra­tique de la souve­rai­neté popu­laire. En effet, accepter la théorie démo­cra­tique de la légi­ti­ma­tion poli­tique au niveau national implique de rejeter le droit national unila­téral de contrôler les fron­tières de l’État. Comme le demos de la théorie démo­cra­tique est en prin­cipe illi­mité, le régime de contrôle des fron­tières doit être justifié démo­cra­ti­que­ment auprès des étran­gers comme des citoyens, dans des insti­tu­tions poli­tiques auxquelles les étran­gers et les citoyens peuvent participer.