L’ICM a appris avec une grande tristesse le décès de Beate Collet

L’équipe de l’Ins­titut Conver­gences Migra­tions a appris avec une grand tris­tesse le décès de Beate Collet mardi 4 avril. Beate Collet était une cher­cheuse et ensei­gnante remar­quable, d’une infinie douceur et extrê­me­ment bien­veillante avec l’en­semble de ses collègues, en parti­cu­lier les plus jeunes. Socio­logue, elle était direc­trice adjointe du GEMASS (Groupe d’Étude des Méthodes de l’Analyse Socio­lo­gique de la Sorbonne), fellow de l’ICM et membre active au sein du dépar­te­ment INTEGER, où elle animait un groupe de travail.

En sa mémoire, nous souhai­tons publier le texte de ses doctorant·es que vous pouvez lire ci-dessous. Nous relayons égale­ment le message de ses proches sur le site du Gemass.

De la part de tes doctorant·es : Manon Baudrier, Simha Bitton, Victor Coutol­leau, Elisa Fin, Camille Gillet, Jeanne Goul­pier, Margot Lenouvel, Hugo Mestayer, Zara Salz­mann, et Kanako Takeda.

À notre chère Beate, 

Dont nous souhai­tions retracer le parcours, et l’accompagnement si précieux.

C’est avec une profonde tris­tesse que nous avons appris ce mardi 4 avril le décès de notre enca­drante de thèse, Beate Collet.

Beate était socio­logue de la famille et du couple. Ses théma­tiques de recherche incluaient la mixité conju­gale et les migra­tions, en plaçant au cœur de ses analyses les ques­tions de genre. Son travail se distin­guait par une curio­sité scien­ti­fique sans cesse renou­velée, et un fort enga­ge­ment sur le terrain, au plus près des actrices et acteurs sociaux.

Première femme nommée Profes­seure des univer­sités du dépar­te­ment de socio­logie et habi­litée à diriger des recherches à Sorbonne Univer­sité, Beate était forte­ment investie dans l’animation scien­ti­fique (membre du comité de rédac­tion de la revue Recherches fami­liales, de la revue Tempo­ra­lités, du comité de pilo­tage du CIERA, et fellow à l’ICM). Elle s’impliquait parti­cu­liè­re­ment dans l’institution, assu­rant de nombreuses respon­sa­bi­lités : direc­trice adjointe de l’UFR de Socio­logie et d’Informatique pour les sciences humaines puis du labo­ra­toire GEMASS, membre élue de la Commis­sion de la recherche de Sorbonne Univer­sité, et chargée de mission contre les discri­mi­na­tions et le racisme.

Sa trajec­toire person­nelle et profes­sion­nelle était remar­quable. Origi­naire d’Allemagne, elle est arrivée en France lors d’un échange univer­si­taire, et a choisi d’y pour­suivre son parcours. Diplômée d’une maîtrise à l’université de Nantes en 1986, elle s’engage dans la recherche sous la direc­tion de Domi­nique Schnapper à l’EHESS, et soutient sa thèse « Citoyen­netés et Mariage Mixte en France et en Alle­magne » en 1996. Par la suite, elle devient maîtresse de confé­rences à l’université Lumière Lyon 2, puis rejoint Sorbonne Univer­sité en 2007, où elle exer­çait depuis main­te­nant seize ans.

Ses travaux témoignent d’une atten­tion fine aux évolu­tions concep­tuelles de son domaine de recherche (notam­ment autour des notions de mixités, d’intersectionnalité et de discri­mi­na­tions). Elle a contribué à la struc­tu­ra­tion du champ de la mixité conju­gale et fami­liale, en France et à l’étranger (Mixités : une notion trans­ver­sale, 2008 ; Job Mobile living across Europe, 2010 ; ou encore Couples d’ici, Parents d’ailleurs, 2012).

Plus encore, son œuvre se carac­té­rise par sa dimen­sion collec­tive, comme l’illustrent sa riche colla­bo­ra­tion avec Emma­nuelle Santelli autour du mariage en contexte post-migra­toire, ou ses projets les plus récents, menés sur les risques pros­ti­tu­tion­nels à l’adolescence avec Katia Baudry et Simha Bitton, ou encore, sur les femmes dans les carrières scien­ti­fiques à Sorbonne Univer­sité, aux côtés de Chris­tian Brouder, Jeanne Goul­pier et Élise Verley.

Beate aimait profon­dé­ment son métier d’enseignante cher­cheuse, et enca­drait l’ensemble de ses étudiant·es et doctorant·es avec une réelle présence. Elle les rencon­trait auf Augenhöhe. Son approche de la trans­mis­sion était holis­tique : au-delà de sa rigueur scien­ti­fique et de ses relec­tures toujours atten­tives, elle accom­pa­gnait avec ardeur et huma­nité. Soucieuse et géné­reuse, son enga­ge­ment se tradui­sait par des rela­tions privi­lé­giées avec chacun·e d’entre nous.

Jusqu’à la fin, Beate est restée une femme coura­geuse, rési­liente, posi­tive, protec­trice, franche, à la déter­mi­na­tion sans relâche, et d’une grande gaieté. Elle était une merveilleuse amie, collègue, ensei­gnante, direc­trice de thèse, et sociologue.

Tu nous manques. Merci d’avoir été toi.

Ta force sensible est la plus belle des transmissions.