« Le mythe de ”minorité modèle” empêche les personnes d’origine asiatique de dénoncer le racisme », analyse Simeng Wang sur France Inter, 15 mars 2023

Simeng Wang, socio­logue, chargée de recherche au CNRS et fellow de l’ICM, est inter­venue sur France Inter afin de présenter une étude sur l’expérience du racisme et des discri­mi­na­tions des personnes origi­naires d’Asie de l’Est et du Sud-Est en France dont elle est co-auteur.

« Il y a d’abord un mythe de ”mino­rité modèle”, qui empêche les personnes d’ori­gine asia­tique de dénoncer ce phéno­mène », avance Simeng Wang.

Par ailleurs, cet étude quali­ta­tive montre que le racisme anti-asia­tique présente des méca­nismes simi­laires aux autres formes de racisme mais aussi des spéci­fi­cités. « La première c’est la bana­li­sa­tion et le carac­tère ordi­naire de ces trai­te­ments diffé­ren­ciés, notam­ment à travers l’hu­mour, les blagues, y compris au sein des rela­tions sociales de proxi­mité (entre collègues ou entre amis). La deuxième c’est le faible taux de recours et de réac­tions : les personnes d’ori­gine asia­tique réagissent rela­ti­ve­ment moins par rapport à d’autres mino­rités, et ils recourent moins à leur hiérar­chie ou au droit. »

Selon Simeng Wang cette deuxième carac­té­ris­tique peut s’ex­pli­quer par deux facteurs : « Il y a d’un côté le facteur culturel : cette partie de l’Asie (de l’est et du sud-est) est sous influence du confu­cia­nisme ; et de l’autre un facteur social qui renvoie souvent aux condi­tions maté­rielles en migra­tion. Il y a notam­ment des entraves linguis­tiques, admi­nis­tra­tives, etc. C’est pour cela que les primo-arri­vants font encore moins de recours que les descendants. »

Écouter son interview :