AAC : Colloque « Créations à l’épreuve de l’exil de guerre », Vendredi 28 et samedi 29 avril 2023, Paris — LIMITE : 30/​01/​2023

Appel à communications

Parmi les personnes dépla­cées dans le monde, se trouvent des artistes qui fuient qui fuient la guerre et d’autres formes de répres­sion mili­taire et collec­tive (géno­cides, coups d’état). Souvent en lutte depuis long­temps avec leurs diri­geants poli­tiques, ces artistes ne manquent pas d’interroger la violence, les injus­tices et les abus de pouvoir au sein même de leur pays tout en parta­geant leur expé­rience intime à travers les outils de l’art : dessin, pein­ture, arts du spec­tacle et cinéma. En témoigne un ensemble crois­sant de créa­tions – de Guer­nica (1937) de Pablo Picasso jusqu’aux nouveaux projets des artistes exilés ukrai­niens, en passant, par exemple, par la bande-dessiné et le film Perse­polis (2000) de Marjane Satrapi ou le cycle Domes­tique (2014 – 2021) de Wajdi Mouawad – qui, dans le dernier siècle, ont su trans­former les conflits de l’histoire contem­po­raine, avec leurs traumas indi­vi­duels et collec­tifs, en matière puis­sante de créa­tion artis­tique, à la fois person­nelle et universelle.

Les contextes poli­tiques récents (la guerre en Ukraine, les répres­sions en Iran) imposent de pour­suivre une réflexion collec­tive sur le rôle de l’artiste exilé – pris entre le rejet et l’hospitalité. Il conviendra, dans un premier temps, de s’interroger sur l’exil comme garant de la liberté d’expression de l’artiste. Il s’agira, dans un second temps, d’accorder une atten­tion parti­cu­lière aux œuvres produites par des artistes en exil et de rendre compte de leur réson­nance dans l’espace public (aussi bien dans le pays d’origine que dans le pays d’accueil). La créa­tion peut-elle consti­tuer une forme de résis­tance contre la guerre en même temps qu’une matière à penser la distance ? Comment l’identité de l’artiste est-elle exprimée dans ces conditions ?
Ces pistes de réflexion permet­tront d’aborder des problèmes rela­tifs à l’interculturalité et au trans­na­tio­na­lisme tout en établis­sant des liens entre les artistes exilés de diffé­rents contextes et de diffé­rentes époques. Les rappro­che­ments pour­ront concerner d’une part les condi­tions d’accueil, d’autre part l’économie et la diffu­sion des œuvres. Les commu­ni­ca­tions devront porter sur des œuvres trai­tant de la guerre à l’origine de l’exil de l’artiste. Des contextes de répres­sion oppo­sant un gouver­ne­ment, régime, ou groupe armé à une popu­la­tion seront acceptées.
Cette mani­fes­ta­tion scien­ti­fique inter­dis­ci­pli­naire souhaite réunir des person­na­lités hété­ro­gènes : cher­cheurs univer­si­taires, artistes, asso­cia­tions et insti­tu­tions. Les disci­plines artis­tiques concer­nées par l’appel sont les arts visuels/​plastiques ; les arts du spec­tacle ; le cinéma et l’audiovisuel ; la photo­gra­phie ; la cari­ca­ture et la bande dessinée.

Quatre axes possibles de réflexion sont proposés :

Axe 1. Repré­sen­ta­tions de la guerre
Il s’agit de ques­tionner le pouvoir et les possibles du medium choisi par l’artiste, dans sa dimen­sion esthé­tique et narra­tive en tant qu’analyse du dispo­sitif, pour penser et repré­senter la réalité et la distance de la guerre (pein­ture, dessin, film, photo­gra­phie…). L’animation permet, par exemple, de repré­senter les horreurs du conflit de façon allé­go­rique, tandis que le docu­men­taire peut, par exemple, mettre en scène l’artiste dans ses tenta­tives de main­tenir un lien avec ses proches restés dans son pays d’origine. On peut relever aussi le regard de l’enfant (sa percep­tion, ses repré­sen­ta­tions de la guerre) et les œuvres qui repro­duisent ce regard.

Axe 2. Iden­tités, inti­mités et pouvoir du témoignage
Comment l’artiste en exil repré­sente-il, dans son œuvre, ses propres incer­ti­tudes dans la distance qui le sépare de la guerre ? De quelle manière exprime-t-il ses émotions ? Au-delà des aspects intimes et auto­bio­gra­phiques, le travail de l’artiste prend-il en compte d’autres témoi­gnages ? Si oui, comment l’artiste construit-il l’image de son peuple ? Comment définit-il son iden­tité, en construc­tion ou en décons­truc­tion, face à son exil, ses créa­tions, ses rapports avec la commu­nauté au pays d’accueil et/​ou son passé et son pays d’origine ? Des contri­bu­tions pour­ront égale­ment porter sur l’exil inté­rieur (physique ou mental, forcé ou volon­taire) des artistes en tant que figures indé­si­rables au sein de leur propre patrie.

Axe 3. Héri­tages de l’exil
Les personnes qui fuient leur pays ne sont pas les seules concer­nées par la guerre. Les géné­ra­tions suivantes nées dans le pays d’accueil de leurs parents peuvent réaliser des œuvres sur la guerre, si celle-ci a eu un impact sur leur vie fami­liale et person­nelle. Comment ces artistes s’approprient-ils alors ce trauma tout en abor­dant la mémoire des géné­ra­tions fami­liales précédentes ?

Axe 4. Économie et diffu­sion des œuvres
Des réseaux de soli­da­rité – insti­tu­tions, asso­cia­tions, collec­tifs – se sont régu­liè­re­ment mis en place dans l’histoire du XXe et XXIe siècle, afin de soutenir la créa­tion tout en offrant une visi­bi­lité aux œuvres. Cet axe se foca­li­sera ainsi sur l’économie et la diffu­sion des œuvres : Dans quels contextes et espaces ces œuvres ont-elles émer­gées dans le passé et émergent-elles aujourd’hui ? Avec la contri­bu­tion de quels acteurs sociaux, cultu­rels, poli­tiques, écono­miques ? Quel statut adopte ainsi l’artiste et quelles en sont les réper­cus­sions politiques ?

Les propo­si­tions de commu­ni­ca­tion (3000 signes espaces compris), accom­pa­gnées d’une courte notice biogra­phique, sont atten­dues pour le 30 janvier 2023 à l’adresse suivante : artsmediasexils@​gmail.​com

Comité scien­ti­fique et d’organisation :

  • Alessio Arena (IRET, Sorbonne Nouvelle/​Université de Vérone)
  • Anthony Blanc (IRCAV, Univer­sité Sorbonne Nouvelle)
  • Elena Gordienko (IRET, Univer­sité Sorbonne Nouvelle)
  • Ali Jamshi­difar (EIRIS, Univer­sité de Bretagne Occidentale/​Cartoo­ning for Peace)
  • Kate­ryna Lobo­denko (IRCAV, Univer­sité Sorbonne Nouvelle)
  • Danilo Sannelli (IRCAV, Univer­sité Sorbonne Nouvelle)
  • Salomé Sanou (anthro­po­logue, artiste-peintre)
  • Guglielmo Scafi­ri­muto (PLH, Univer­sité Toulouse – Jean Jaurès)

Page de référence