PUBLI : Solène Brun et Claire Cosquer, « Déconstruire l’« identité », théoriser la race. Des catégorisations aux pratiques », émulations, n°42, 2022

Résumé

Les critiques des travaux sur les ques­tions raciales dénoncent souvent la pers­pec­tive « iden­ti­taire » qui y serait adoptée. Or l’usage du concept d’identité est âpre­ment débattu en sciences sociales, des textes recom­man­dant même son abandon (Brubaker, 2001). Cet article montre que la litté­ra­ture sur la race permet de la théo­riser, à l’encontre de toute compré­hen­sion essen­tia­liste de l’identité, comme le produit de trois logiques imbri­quées de forma­tion raciale : auto-iden­ti­fi­ca­tion, assi­gna­tion et socia­li­sa­tion. En inter­ro­geant d’abord les déter­mi­nants sociaux des processus d’auto-identification et d’assignation raciales, l’article se tourne ensuite vers les pratiques sociales au fonde­ment de ces modes de caté­go­ri­sa­tion, pour consi­dérer la race comme ce que l’on fait plutôt que comme ce que l’on est. Nous explo­rons ainsi les diffé­rentes propo­si­tions théo­riques qui permettent de penser la race comme prin­cipe d’action et de pratiques, comme perfor­mance réité­ra­tive ou comme incor­po­ra­tion de dispositions.

Biogra­phie des auteur​.es

Solène Brun, Institut Conver­gences Migra­tions, cher­cheuse asso­ciée à Sciences Po (OSC), France.
Socio­logue, cher­cheuse post­doc­to­rante à l’Institut Conver­gences Migra­tions, où elle est coor­di­na­trice scien­ti­fique du dépar­te­ment INTE­GER/In­té­gra­tion-discri­mi­na­tion. Ses travaux portent sur les ques­tions raciales en France, qu’elle étudie notam­ment sous l’angle de la ques­tion fami­liale, abor­dant les logiques de repro­duc­tion et de socia­li­sa­tion qui y sont à l’oeuvre. Chargée de cours à l’Université Paris 8, à l’Université Paris 1 et à l’IEP de Paris, elle enseigne la socio­logie de la race et du racisme. Elle a récem­ment publié « Recher­cher la race : les défis d’une enquête à mots couverts » (
Genèses, n° 125, p. 76–93).

Claire Cosquer, Centre en Études Genre, Univer­sité de Lausanne, affi­liée à l’Institut Conver­gences Migra­tions (2021–2025), cher­cheuse asso­ciée à Sciences Po (OSC), France.
Cher­cheuse FNS senior au Centre en études genre, à l’Université de Lausanne. Ses travaux portent sur les migra­tions privi­lé­giées, en parti­cu­lier sur les migra­tions fran­çaises et les migra­tions émiriennes, et sur les formes de conti­nuité et de discon­ti­nuité post­co­lo­niales qu’elles traduisent. Elle a récem­ment publié « Looking for the Authentic Other : Cosmo­po­litan Ethos and Orien­ta­lism in French Migrants’ Expe­riences in Abu Dhabi » (Critique of Anthro­po­logy, vol. 41, n° 4, 2021, p. 405–420) et « Une cage dorée ? Expé­riences genrées du privi­lège migra­toire dans l’“expatriation” » (Socio­logie, vol. 11, n° 3, 2020, p. 223–242).

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