Les frontières de l’aide en Pologne

Franciszek Zakrzewski et Tymek Skowroński, historiens

La Pologne partage ses frontières avec la Biélorussie et l’Ukraine. Ces deux limites extérieures de l’UE sont devenues, depuis l’été 2021 et surtout depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un théâtre de deux crises humanitaires. Opposées par leur nature, leur ampleur et les statuts juridiques des personnes migrantes, elles diffèrent aussi par la réponse des autorités polonaises et la mobilisation des membres de la société civile.

Ilya Klein, Sans titre, 10 mars 2022, pein­ture numé­rique. Crédits : Ilya Klein

« La semaine dernière, nous avons reçu une visite de la part des gardes-fron­tières dans nos locaux. Ils sont venus nous demander de coopérer, d’aider les Ukrai­niens. On n’arrivait pas à y croire. C’étaient les mêmes gardes-fron­tières qui rendaient notre travail diffi­cile lorsqu’on essayait d’aider les deman­deurs d’asile du Moyen-Orient entrant en Pologne depuis la Biélo­russie[1]Source : The Guar­dian, 3 mars 2022. URL : https://​www​.theguar​dian​.com/​g​l​o​b​a​l​-​d​e​v​e​l​o​p​m​e​n​t​/​2​0​2​2​/​m​a​r​/​0​5​/​p​o​l​a​n​d​-​r​u​s​h​-​t​o​-​a​i​d​-​u​k​r​a​i​n​e​-​r​e​f​u​g​e​e​s​-​r​u​s​s​ia-war.», confiait début mars Anna Dąbrowska, prési­dente de Homo Faber[2]Site de l’association : https://​arch​.hf​.org​.pl/​i​n​d​e​x​.​p​h​p?id=7., asso­cia­tion basée à Lublin qui s’engage aux deux fron­tières orien­tales du pays. 

953,42 kilomètres : entre guerre « hybride » et guerre réelle à proximité

La Pologne partage 418,24 km de fron­tière avec la Biélo­russie, et 535,18 km avec l’Ukraine. Ces deux limites exté­rieures de l’UE sont deve­nues, depuis l’été dernier, et surtout depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, un théâtre de deux crises huma­ni­taires. D’ampleur et de nature diffé­rentes, les situa­tions aux deux fron­tières diffèrent tant par les statuts juri­diques des personnes migrantes, que par la réponse des auto­rités polo­naises et la mobi­li­sa­tion des membres de la société civile. Elles peuvent toute­fois être suivies depuis le point de vue des asso­cia­tions qui s’engagent aux deux fron­tières, à l’instar de Homo Faber, et en offrent par là même une lecture croisée.

Cette asso­cia­tion de Lublin a fait[3]Homo Faber a quitté Grupa Granica le 16 mars 2022, faute de moyens pour conti­nuer à s’engager plei­ne­ment sur la fron­tière biélo­russe et à aider dans l’accueil de milliers de réfugié.e.s venus d’Ukraine. Elle a toute­fois continué à colla­borer avec Grupa Granica notam­ment par le main­tien d’un poste à Siemia­tycze, … Lire la suite partie de Grupa Granica (pol. « Groupe Fron­tière »)[4]Voir le site de Grupa Granica : https://​www​.grupa​gra​nica​.pl/., un mouve­ment social, créé en août dernier pour venir en aide aux personnes migrantes à la fron­tière biélo­russe, et qui fédère 14 orga­ni­sa­tions, ainsi que des habitant·e·s de la région fron­ta­lière et des acti­vistes indépendant·e s. Dans son rapport (dispo­nible en anglais)[5]Consulter le rapport : https://​www​.grupa​gra​nica​.pl/​f​i​l​e​s​/​G​r​u​p​a​-​G​r​a​n​i​c​a​-​R​e​p​o​r​t​-​H​u​m​a​n​i​t​a​r​i​a​n​-​c​r​i​s​i​s​-​a​t​-​t​h​e​-​P​o​l​i​s​h​-​B​e​l​a​r​u​s​i​a​n​-​b​o​r​d​er.pdf., Grupa Granica décrit la situa­tion en cours depuis l’été 2021 comme le fruit d’une orches­tra­tion par le régime d’Alexandre Louka­chenko, qui utilise le trafic d’êtres humains pour désta­bi­liser l’UE et se venger des déci­sions poli­tiques qui ont suivi les élec­tions frau­du­leuses de 2020. Des groupes de migrant.e.s, dont de nombreux kurdes irakiens, ont été leurrés par la promesse d’un passage serein vers l’Union Euro­péenne, puis poussés violem­ment à traverser la fron­tière polo­naise, en dehors des points de passage offi­ciels, dans une zone natu­relle dange­reuse, composée en grande partie de la forêt primaire vaste et sauvage de Biało­wieża. Les auto­rités polo­naises ont répondu à cette « guerre hybride » de façon sécu­ri­taire : décla­ra­tion d’un état d’exception dans 183 communes fron­ta­lières de la Biélo­russie, inter­dic­tion d’accès à cette zone aux non-habi­tants, y compris aux médias et aux orga­ni­sa­tions d’aide huma­ni­taire, léga­li­sa­tion des push-back (refou­le­ments), accu­sa­tions de trafic d’humains envers certain.e.s acti­vistes (art. 264 § 3 du Code pénal). Ces quelques milliers de personnes, qui rempli­raient à peine « les sièges VIP du Stade National » à Varsovie, comme le souligne le même rapport, ont suffi à diviser l’opinion et faire adopter ces mesures radi­cales. De ce point de vue, « Louka­chenko a atteint son but », conclut Grupa Granica.

« C’est surtout la mobilisation citoyenne, par le bas, qui a été sans commune mesure : depuis deux mois, des réseaux de bénévoles et d’associations agissent à travers l’ensemble du pays. […] L’invasion russe a contribué à rendre actives de nombreuses personnes et faire émerger de nouveaux acteurs au sein de la société civile »

Fran­ciszek Zakr­zewski et Tymek Skowroński, historiens

Cette inca­pa­cité à accueillir les migrant.e.s piégés à la fron­tière polono-biélo­russe contraste forte­ment avec l’accueil réservé aux personnes fuyant la guerre russo-ukrai­nienne. Depuis le 24 février, la Pologne a su accueillir plus de deux millions de personnes grâce à des mesures admi­nis­tra­tives : droit de traverser la fron­tière sans passe­port ou docu­ments d’identité pour les Ukrainien.ne.s, créa­tion de points de récep­tion dans les communes fron­ta­lières ainsi que dans les villes[6]Voir la page gouver­ne­men­tale (en anglais) : https://​poma​ga​mu​krainie​.gov​.pl/​p​o​t​r​z​e​b​u​j​e​-​p​o​m​o​c​y​/​p​r​z​y​j​a​z​d​-​d​o​-​polski., accès faci­lité à l’administration et aux services publics via l’obtention du numéro PESEL[7]Voir la page gouver­ne­men­tale (en anglais) : https://​poma​ga​mu​krainie​.gov​.pl/​p​o​t​r​z​e​b​u​j​e​-​p​o​m​o​c​y​/pesel. – équi­valent du numéro de sécu­rité sociale –, gratuité des trains et des trans­ports dans les villes polo­naises aux personnes possé­dant des papiers ukrai­niens[8]À ce jour, les gardes-fron­tières ont compté environ 3,7 millions de passages de la fron­tière ukraino-polo­naise (Source : https://​300gos​po​darka​.pl/​n​e​w​s​/​u​c​h​o​d​z​c​y​-​z​-​u​k​r​a​i​n​y​-​w​-​p​o​l​s​c​e​-​liczba). Pour plusieurs raisons, ce chiffre ne corres­pond pas au nombre de réfu­giés ukrai­niens en Pologne : les retours sont de plus en plus … Lire la suite

Mais c’est surtout la mobi­li­sa­tion citoyenne, par le bas, qui a été sans commune mesure : depuis deux mois, des réseaux de béné­voles et d’associations agissent à travers l’ensemble du pays. L’accueil des réfugié.e.s à la fron­tière, l’organisation de leur trans­port par navettes vers d’autres loca­lités, la coor­di­na­tion du loge­ment, l’accueil de réfugié.e.s sous son propre toit, l’aide juri­dique, linguis­tique ou admi­nis­tra­tive façonnent le nouveau quoti­dien des Polonais.e.s, et ce en dehors des cercles non-gouver­ne­men­taux et asso­cia­tifs déjà spécia­lisés dans l’accueil des étran­gers avant la guerre : l’invasion russe a contribué à rendre actives de nombreuses personnes et faire émerger de nouveaux acteurs au sein de la société civile. Des initia­tives locales ont vu le jour, à l’instar d’asso­cia­tions de voisins qui coor­donnent l’accueil d’Ukrainien.ne.s dans leur village ou quar­tier[9]Par exemple Pomoc Ukrainie : https://​inic​ja​ty​wa​sa​siedzka​.org/., ou encore de nombreuses cagnottes lancées en ligne[10]Comme celle-ci par exemple : https://​www​.siepo​maga​.pl/​e​n​/​u​k​r​a​i​n​a​-​p​o​t​r​z​e​b​u​j​e​-​w​s​parcia.. Cette mobi­li­sa­tion a été parti­cu­liè­re­ment forte lors des premières semaines de la guerre pour répondre à l’afflux des réfugié.e.s à la fron­tière comme dans les villes : dans les gares de Varsovie, des fédé­ra­tions d’acteurs diffé­rents – ONG, pompiers, scouts, habitant·e·s béné­voles – se sont créées pour coor­donner l’accueil. Certaines, comme Grupa Zasoby[11]Voir le site (en polo­nais) : https://​grupa​za​soby​.pl/. à la Gare de l’Ouest ou Grupa Centrum à la Gare Centrale[12]Voir le groupe Face­book : https://​www​.face​book​.com/​g​r​o​u​p​s​/​g​r​u​p​a​c​e​n​t​r​u​m.waw/., ont désor­mais fini leur acti­vité, en raison de la forte dimi­nu­tion des besoins. Reste à souli­gner que ces mobi­li­sa­tions citoyen.ne.s ont aussi pu s’appuyer sur des ONG et réseaux ukrai­niens, déjà présents en Pologne, tels que la Maison ukrai­nienne de Varsovie[13]Voir le site (en polo­nais) : https://​ukrains​kidom​.pl/.. Ainsi, à Cracovie, l’ONG Salam Lab[14]Voir le site (en anglais) : https://​salamlab​.pl/​e​n​/​u​k​r​a​i​n​e​-​w​h​a​t​-​h​a​v​e​-​w​e​-​a​c​h​i​e​v​e​d​-​s​o-far/. déjà engagée à la fron­tière biélo­russe dans le cadre de Grupa Granica[15]Lire ce témoi­gnage en anglais d’une Irakienne qui a réussi à traverser la fron­tière biélo­russe vers la Pologne publié sur le site de Salam Lab : https://salamlab.pl/en/i‑survived-crossing-the-polish-belarusian-border-a-testimony/., a orga­nisé un point d’accueil de réfu­giés venant d’Ukraine en coopé­ra­tion avec la fonda­tion polono-ukrai­nienne Zustricz[16]Site de la fonda­tion Zustricz (en polo­nais) : https://​zustricz​.pl/..

Entre la « bonne » et la « mauvaise » frontière : engagement, coopération, répression

Le 17 avril, certaines asso­cia­tions ukrai­niennes lancent toute­fois un appel au gouver­ne­ment et aux forces de l’ordre concer­nant les migrant·e·s à la fron­tière biélo­russe[17]Voir l’appel de Grupa Granica du 17 avril 2022 (en polo­nais) : https://​naszwybor​.org​.pl/​a​p​e​l​-2022/.. Expri­mant une certaine grati­tude envers les auto­rités polo­naises pour l’accueil de 2,3 millions d’Ukrainien·ne·s, cet appel formule une protes­ta­tion contre la « répres­sion des acti­vistes » et « l’arrêt et le refou­le­ment immé­diat des ‘immi­grés illé­gaux’ venant du Moyen-Orient ou d’Afrique », renvoyés en Biélo­russie où ils risquent « la torture et la violence ». En effet, alors même que l’accueil massif des personnes fuyant l’Ukraine attire toute l’attention au cours du mois de mars, la situa­tion à la fron­tière biélo­russe ne cesse de se dégrader.

« Il ne fait aucun doute que la situa­tion en Podla­chie [région fron­ta­lière de la Biélo­russie — ndt] ne cesse de se dété­riorer depuis plusieurs jours. C’est comme si nous étions revenus au pic de la crise huma­ni­taire d’il y a quelques mois. […] Depuis la mi-mars, les choses ont systé­ma­ti­que­ment commencé à se dété­riorer à la fron­tière entre la Pologne et la Biélo­russie[18]Source : OKO​.press (en polo­nais), 22 mars 2022, https://​oko​.press/​4​0​-​d​n​i​o​w​e​-​n​i​e​m​o​w​l​e​-​z​-​r​o​d​z​i​n​a​-​u​w​i​e​z​i​o​n​e​-​n​a​-​b​a​g​n​a​c​h​-​k​r​y​z​y​s​-​n​a​-​p​o​d​l​a​s​i​u​-​t​r​w​a​-​nadal/. », déclare Katar­zyna Czar­nota, membre de Grupa Granica, le 22 mars 2022. La ferme­ture d’une halle à Bruzgi[19]Source : The Guar­dian (en anglais), 14 mars 2022, https://​www​.theguar​dian​.com/​g​l​o​b​a​l​-​d​e​v​e​l​o​p​m​e​n​t​/​2​0​2​2​/​m​a​r​/​1​4​/​f​e​a​r​s​-​g​r​o​w​-​o​f​-​n​e​w​-​c​r​i​s​i​s​-​a​s​-​r​e​f​u​g​e​e​s​-​i​n​-​b​e​l​a​r​u​s​-​d​r​i​v​e​n​-​i​n​t​o​-​u​kraine., côté biélo­russe, semble en être une cause directe. À quelques kilo­mètres de la fron­tière polo­naise, les gardes-fron­tières biélo­russes y détiennent, parfois pendant plusieurs mois, les migrant.e.s dans des condi­tions terribles – des témoi­gnages de violence[20]Source : Amnesty Inter­na­tional (en polo­nais), 21 décembre 2021, https://​amnesty​.org​.pl/​b​i​a​l​o​r​u​s​-​p​o​l​s​k​a​-​u​e​-​n​o​w​e​-​d​o​w​o​d​y​-​p​r​z​e​m​o​c​y​-​w​o​b​e​c​-​u​c​h​o​d​z​c​o​w​-​m​i​g​r​a​n​t​ow-ek/. et de viols[21]Source : wyso​kieob​casy​.pl (en polo­nais), 25 mars 2022, https://​www​.wyso​kieob​casy​.pl/​w​y​s​o​k​i​e​-​o​b​c​a​s​y​/​7​,​1​6​3​2​2​9​,​2​8​2​6​3​0​7​4​,​a​k​t​y​w​i​s​t​k​a​-​z​-​g​r​a​n​i​c​y​-​p​o​l​s​k​o​-​b​i​a​l​o​r​u​s​k​i​e​j​-​m​a​t​k​a​-​d​a​l​a​-​s​i​e​-​z​g​w​a​l​c​i​c​.​h​t​m​l​?​d​i​s​a​b​l​e​R​e​d​i​r​e​c​t​s=true. nous sont parvenus. Parmi ces personnes, certaines ont été renvoyées dans leur pays d’origine, tandis que 700 autres, souvent en mauvaise santé, ont été pous­sées du côté polo­nais, comme le note Amnesty Inter­na­tional Pologne[22]Voir le rapport d’Amnesty Inter­na­tional Pologne du 11 avril 2022 (en polo­nais), https://​amnesty​.org​.pl/​w​p​-​c​o​n​t​e​n​t​/​u​p​l​o​a​d​s​/​2​0​2​2​/​0​4​/​R​a​p​o​r​t​-​A​m​n​e​s​t​y​-​I​n​t​r​n​a​t​i​o​n​a​l​-​P​O​L​S​K​A​-​O​K​R​U​C​I​E​N​S​T​W​O​-​Z​A​M​I​A​S​T​-​W​S​P​O​L​C​Z​U​C​I​A​-​N​A​-​G​R​A​N​I​C​Y​-​Z​-​B​I​A​L​O​R​U​S​I​A​.​p​d​f​?​s​m​c​l​i​e​n​t​=​9​2​3​f​f​e​2​e​-​1​3​8​d​-​4​b​2​a​-​b​b​d​e​-​2​5​1​1​e​5​d4c666..

Parmi celles-ci, trois familles kurdes irakiennes, comp­tant 18 personnes, dont neuf enfants et un para­lysé, parviennent à péné­trer le terri­toire polo­nais sur une distance de 16 km. Dans la nuit du 24 au 25 mars, ils sont trouvés par des acti­vistes accom­pa­gnés par la médecin Paulina Bownik, qui leur apporte l’aide médi­cale néces­saire[23]Source : wyborca​.pl (en polo­nais), 31 mars 2022, https://bialystok.wyborcza.pl/bialystok/7,35241,28286110,prawo-na-pograniczu-push-backi-nielegalne-a-chora-kurdyjska.html?_ga=2.103632000.1288905986.1648582878–11332514.1530023801&disableRedirects=true#S.DT‑K.C‑B.1‑L.1.duzy.. Une fois arrivés, les gardes-fron­tières emmènent les Kurdes à leur poste où ils séparent les familles. La personne para­lysée et ses proches ont le droit de déposer une demande de protec­tion inter­na­tio­nale et de rester dans un centre pour étran­gers. Les autres, dont une femme enceinte et sept enfants, sont refoulés de l’autre côté de la palis­sade fron­ta­lière, sans eau, nour­ri­ture ni médi­ca­ments. À deux reprises, forcés par les gardes biélo­russes, ils repassent en Pologne mais se retrouvent bloqués par les gardes polo­nais qui surveillent la clôture. Le 1er avril, grâce à la pres­sion des acti­vistes et la couver­ture média­tique de leur histoire, ils obtiennent enfin l’autorisation de demander la protec­tion inter­na­tio­nale à la Pologne, Ils sont placés dans un centre de déten­tion d’étrangers, sous les auspices des gardes-frontières.

« Comparez la situation des activistes à chacune des frontières, ukrainienne et biélorusse. Sur l’une d’elles, ce sont des héros, nous en sommes fiers, nous les soutenons, nous nous identifions à eux. Sur la seconde, ils sont suspects. Et il s’agit souvent des mêmes activistes, des mêmes personnes, des mêmes organisations. »

Anna Błaszczak-Bana­siak, direc­trice d’Amnesty Inter­na­tional Pologne

Dans le même temps, entre le 29 mars et le 4 avril, les acti­vistes de Grupa Granica secourent 130 personnes dans la forêt de Biało­wieża, tandis qu’au moins 36 migrant.e.s sont refoulé.e.s par les forces de l’ordre polo­naises, malgré un juge­ment du tribunal régional de Bielsk Podlaski, en août 2021, qui a décrété illé­gales ces expul­sions vers la Biélo­russie. L’affaire concer­nait trois Afghans arrêtés fin août en Pologne et refoulés en pleine nuit, sans témoins, dans la zone dange­reuse d’une réserve natu­relle, comme l’a rappelé le tribunal[24]Source : Stowar­zys­zenie Inter­wencji Prawnej (en polo­nais), 31 mars 2022, https://​inter​wenc​ja​prawna​.pl/​w​y​w​o​z​k​i​-​p​u​s​h​-​b​a​c​k​i​-​s​a​-​n​i​e​h​u​m​a​n​i​t​a​r​n​e​-​n​i​e​z​g​o​d​n​e​-​z​-​p​r​a​w​e​m​-​i​-​o​p​i​e​r​a​j​a​-​s​i​e​-​n​a​-​n​i​e​l​e​g​a​l​n​y​m​-​r​o​z​p​o​r​z​a​d​zeniu/.. Ce juge­ment mettait en ques­tion une ordon­nance du Ministre de l’Intérieur du 20 août 2021, qui ordon­nait de refouler à la fron­tière toute personne l’ayant illé­ga­le­ment fran­chie, sans excep­tion pour les deman­deurs d’asile – un texte déjà critiqué le 26 août par le Défen­seur des droits civiques[25]Voir la critique du Défen­seur des droits civiques (en polo­nais) : https://​bip​.brpo​.gov​.pl/​p​l​/​c​o​n​t​e​n​t​/​z​m​i​a​n​y​-​w​-​r​o​z​p​o​r​z​a​d​z​e​n​i​u​-​w​-​s​p​r​a​w​i​e​-​c​z​a​s​o​w​e​g​o​-​z​a​w​i​e​s​z​e​n​i​a​-​l​u​b​-​o​g​r​a​n​i​c​z​e​n​i​a​-​r​u​c​h​u​-​g​r​a​n​i​cznego.. La guerre a rendu ces refou­le­ments encore plus dange­reux avec une nouvelle dégra­da­tion des condi­tions d’existence des réfugié.e.s en Biélo­russie, dont le terri­toire sert aux manœuvres russes et de zone de tir de missiles vers l’Ukraine.

Pour­tant, les refou­le­ments et répres­sions d’activistes conti­nuent. Le 23 mars des acti­vistes qui secou­raient une famille avec sept enfants sont arrêtés[26]Source : publi­ca­tion dans le groupe Face­book de Grupa Granica (en polo­nais), 25 mars 2022, https://m.facebook.com/grupagranica/posts/379635740631694?_rdr. ; le procu­reur demande à leur encontre une mise en garde à vue pour trois mois, refusée par le tribunal de Hajnówka. De même, une béné­vole du Club de l’Intelligentsia Catho­lique (KIK) est arrêtée deux jours plus tard, puis libérée sur demande d’un tribunal[27]Source : site du KIK (en polo­nais), 27 mars 2022 : https://​www​.kik​.waw​.pl/​a​k​t​u​a​l​n​o​s​c​i​-​k​i​k​/​w​o​l​o​n​t​a​r​i​u​s​z​k​a​-​k​i​k​-​z​a​t​r​z​ymana/.. De tels actes répres­sifs, dont la visée est de faire peur, ont déjà été observés à l’automne à travers, par exemple, la dégra­da­tion des voitures de méde­cins engagés à la fron­tière de la Biélo­russie[28]Source : Wydar­zenia (en polo­nais), 14 nov. 2021 : https://​www​.rp​.pl/​k​r​a​j​/​a​r​t​1​9​1​0​0​9​8​1​-​z​n​i​s​z​c​z​o​n​o​-​a​u​t​a​-​m​e​d​y​k​o​w​-​p​o​m​a​g​a​j​a​c​y​c​h​-​p​r​z​y​-​g​r​a​n​i​c​y​-​b​i​a​l​o​r​uskiej. et des perqui­si­tions menées par la police dans un point d’aide du KIK en Podla­chie[29]Source : OKO​.press (en polo­nais), 16 déc. 2021, https://​oko​.press/​u​z​b​r​o​j​e​n​i​-​p​o​l​i​c​j​a​n​c​i​-​k​l​u​b​i​e​-​i​n​t​e​l​i​g​e​n​c​j​i​-​k​a​t​o​l​i​c​k​i​e​j​-​n​a​-​g​r​a​n​i​c​y​-​j​a​k​-​n​a​j​a​z​d​-​n​a​-​k​a​r​t​e​l​-​n​a​r​k​o​t​ykowy/..

Ainsi, des stan­dards diffé­rents sont appli­qués par l’État et ses forces de l’ordre sur les deux fron­tières. L’aide est bien­venue sur l’une et crimi­na­lisée sur l’autre. Tandis que les savoir-faire des asso­cia­tions sont demandés pour orga­niser l’accueil des Ukrainien.ne.s, ils demeurent suspects aux yeux des pouvoirs dans le contexte fron­ta­lier biélo­russe. « Comparez main­te­nant la situa­tion des acti­vistes à chacune de ces fron­tières. Sur l’une d’elles, ce sont des héros, nous en sommes fiers, nous les soute­nons, nous nous iden­ti­fions à eux. Sur la seconde, ils sont suspects. Et il s’agit souvent des mêmes acti­vistes, des mêmes personnes, des mêmes orga­ni­sa­tions », déclare la direc­trice d’Am­nesty Inter­na­tional Pologne, Anna Błaszczak-Bana­siak[30]Source : Amnesty Inter­na­tional Pologne (en polo­nais), 9 mars 2022, https://​oko​.press/​u​c​h​o​d​z​c​y​-​n​a​s​i​-​i​-​o​b​c​y​-​p​o​d​w​o​j​n​e​-​s​t​a​n​d​a​r​d​y​-​n​a​-​g​r​a​n​i​c​a​c​h​-​z​-​b​i​a​l​o​r​u​s​i​a​-​i​-​u​k​r​a​i​n​a​-​r​o​zmowa/..

Aux deux frontières, un engagement à tous les niveaux

Pour­tant, l’aide continue dans les deux contextes migra­toires, portée aussi par des acteurs moins visibles, comme les habitant·e·s de la zone fron­ta­lière sous état d’exception[31]Voir la page Face­book de Biało­wieska Akcja Huma­ni­tarna [Action huma­ni­taire de Biało­wieża] créée en novembre 2021 : https://www.facebook.com/Białowieska-Akcja-Humanitarna-103160258861314/about. ou encore par des mino­rités ethniques et confes­sion­nelles qui habitent la Podla­chie. Ainsi, la commu­nauté des Tatars a orga­nisé les enter­re­ments musul­mans de victimes retrou­vées dans la forêt de Biało­wieża[32]Source : Polskie Radio Bialystok, 27 nov. 2021, https://​www​.radio​.bialystok​.pl/​w​i​a​d​o​m​o​s​c​i​/​i​n​d​e​x​/​i​d​/​207398. ; elle s’engage désor­mais pour l’accueil de musul­mans venus d’Ukraine[33]Source : site du Muzuł­mański Związek Reli­gijny [Union reli­gieuse musul­mane], 17 mars 2022, http://​mzr​.pl/​p​o​m​o​c​-​d​l​a​-​u​c​h​o​d​z​c​o​w​-​z​-​u​k​r​a​i​n​y​-​w​-​t​a​t​a​r​s​k​i​m​-​c​e​n​t​r​u​m​-​k​u​l​t​u​r​y​-​i​s​l​a​m​u​-​w​-​s​u​c​h​owoli/..

L’aide couvre de nombreux besoins : loge­ment, droit, éduca­tion, santé… L’Association d’intervention juri­dique (Stowar­zys­zenie Inter­wencji Prawnej)[34]Voir la présen­ta­tion de l’Association d’intervention juri­dique en anglais : https://​inter​wenc​ja​prawna​.pl/​e​n​/​a​b​o​u​t​/​w​h​a​t​-​we-do/. s’est ainsi engagée au sein de Grupa Granica pour offrir une assis­tance juri­dique aux migrant.e.s et aux acti­vistes à la fron­tière biélo­russe. Elle s’engage désor­mais aussi auprès des migrant.e.s d’Ukraine, démê­lant la complexité des statuts juri­diques variés : Ukrainien.ne.s ayant fui après le 24 février qui béné­fi­cient de la protec­tion spéciale, ceux présents sur le terri­toire polo­nais avant cette date, non-Ukrainien.ne.s fuyant la guerre qui ont eu plus de diffi­cultés pour obtenir de l’aide et péren­niser leur statut, mineur.e.s non-accompagné.e.s, personnes souhai­tant léga­liser leur séjour en Pologne et celles tran­si­tant vers d’autres États… Stowar­zys­zenie Inter­wencji Prawnej a créé pour cela un portail trilingue[35]Site du portail légal pour les réfugié.e.s d’Ukraine : https://​ukraina​.inter​wenc​ja​prawna​.pl/en/. visant à accom­pa­gner les personnes qui tombent sous ces diffé­rents statuts.

Du point de vue du loge­ment, le Club de l’Intelligentsia Catho­lique, dont les béné­voles conti­nuent à aider à la fron­tière de la Biélo­russie, a créé à Varsovie une auberge qui accueille les migrant.e.s non-Ukrainien.ne.s ou Roms qui peinent à trouver un loge­ment[36]Source : The Guar­dian, 21 mars 2022 : https://​www​.theguar​dian​.com/​g​l​o​b​a​l​-​d​e​v​e​l​o​p​m​e​n​t​/​2​0​2​2​/​m​a​r​/​2​1​/​p​o​l​a​n​d​-​u​k​r​a​i​n​e​-​r​e​f​u​g​e​e​s​-​e​n​t​i​r​e​-​w​o​r​l​d​-​h​o​s​t​e​l​-​e​v​e​r​y​o​n​e​-​w​elcome.. Il a contribué aussi, aux côtés de la Maison Ukrai­nienne de Varsovie, à la créa­tion d’une école ukrai­nienne, pour répondre à « l’urgence de fournir aux enfants ukrai­niens ayant fui à Varsovie […] la possi­bi­lité de finir leur année scolaire »[37]Site de la Warsaw Ukrai­nian School : https://​www​.vshkolu​.edu​.pl/..

Homo Faber, quant à elle, s’est fédérée avec la muni­ci­pa­lité et d’autres asso­cia­tions de Lublin, au sein d’un Comité Social Lubli­nois d’Aide à l’Ukraine[38]Page d’information sur le comité : https://​www​.lsi​-lublin​.pl/​i​n​f​o​r​m​a​c​j​e​-​r​o​z​n​e​/​l​u​b​e​l​s​k​i​-​s​p​o​l​e​c​z​n​y​-​k​o​m​i​t​e​t​-​p​o​m​o​c​y​-​u​k​r​ainie/.. L’association basée dans une ville proche de l’Ukraine est désor­mais concen­trée sur l’aide aux Ukrainien.ne.s, faute de moyens pour s’engager à plein temps aux deux fron­tières. Leur ligne verte a reçu 12 000 appels au cours des 29 premiers jours de la guerre, leurs juristes ont pris en charge plus de 1 500 affaires, et leur système de loge­ments privés a accueilli 1 500 personnes, alors que Lublin accueille plus de 40 000 Ukrainien.ne.s, soit environ 10 % de la taille de sa popu­la­tion avant la géné­ra­li­sa­tion de la guerre à l’ensemble du terri­toire ukrai­nien. « 320 béné­voles travaillent 24 h sur 24 dans 10 points d’accueil de la ville », souli­gnaient Katar­zyna Wierz­bińska et Anna Dąbrowska de Homo Faber lors de leur allo­cu­tion au Parle­ment euro­péen le 21 avril dernier[39]Voir la vidéo de l’intervention de Katar­zyna Wierz­bińska et Anna Dąbrowska sur la page Face­book d’Homo Faber : https://​fb​.watch/​d​v​b​7​N​89UFm/..

La situa­tion aux deux fron­tières de la Pologne demeure évolu­tive ; elle est aussi, en soi, très diffé­rente d’une fron­tière à l’autre. Si le nombre d’arrivées depuis l’Ukraine a forte­ment diminué, voire a cédé au nombre de retours, la ques­tion de l’accueil sur le long terme se pose, dans une Pologne où les systèmes publics de santé ou d’éducation ont déjà été mis à rude épreuve par la pandémie. Un certain essouf­fle­ment se laisse entendre parmi les acteur.ice.s de la société civile, mobilisé.e.s depuis deux mois, et des tensions se font parfois jour, notam­ment entre les admi­nis­tra­tions locales, submer­gées par la crise, et le gouver­ne­ment[40]Source : Regiony (en polo­nais), 30 mars 2022 : https://​regiony​.rp​.pl/​d​e​b​a​t​a​-​p​u​b​l​i​c​z​n​a​/​a​r​t​3​5​9​7​9​0​4​1​-​s​a​m​o​r​z​a​d​o​w​c​y​-​c​h​c​a​-​z​w​o​l​a​n​i​a​-​o​k​r​a​g​l​e​g​o​-​s​t​o​l​u​-​w​-​s​p​r​a​w​i​e​-​u​c​h​odzcow.. Dans le même temps, la fron­tière polono-ukrai­nienne est aussi devenue le chef-lieu du trans­fert de l’aide mili­taire et huma­ni­taire à l’Ukraine, ainsi que des retours de ceux qui partent au front. Alors que l’offensive russe se pour­suit bruta­le­ment en Ukraine, aux yeux de ses voisins polo­nais l’avenir semble, plus qu’autre chose, incertain.

Les auteurs

Fran­ciszek Zakr­zewski est un profes­sionnel des musées, docto­rant en histoire à l’EHESS et au sein de l’ERC Lubart­world dirigée par Claire Zalc.

Tymek Skowroński est étudiant du Master mention « Histoire » à l’EHESS.

Notes

Notes
1 Source : The Guar­dian, 3 mars 2022. URL : https://​www​.theguar​dian​.com/​g​l​o​b​a​l​-​d​e​v​e​l​o​p​m​e​n​t​/​2​0​2​2​/​m​a​r​/​0​5​/​p​o​l​a​n​d​-​r​u​s​h​-​t​o​-​a​i​d​-​u​k​r​a​i​n​e​-​r​e​f​u​g​e​e​s​-​r​u​s​s​ia-war.
2 Site de l’association : https://​arch​.hf​.org​.pl/​i​n​d​e​x​.​p​h​p?id=7.
3 Homo Faber a quitté Grupa Granica le 16 mars 2022, faute de moyens pour conti­nuer à s’engager plei­ne­ment sur la fron­tière biélo­russe et à aider dans l’accueil de milliers de réfugié.e.s venus d’Ukraine. Elle a toute­fois continué à colla­borer avec Grupa Granica notam­ment par le main­tien d’un poste à Siemia­tycze, la mise à dispo­si­tion d’un lieu de stockage à Lublin et un soutien psycho­lo­gique à tous les béné­voles de Grupa Granica. Voir l’annonce publiée sur Face­book le 16 mars 2022 : https://​www​.face​book​.com/​H​F​L​u​b​l​i​n​/​p​o​s​t​s​/​3​8​0​3​0​1​3​5​7​431474.
4 Voir le site de Grupa Granica : https://​www​.grupa​gra​nica​.pl/.
5 Consulter le rapport : https://​www​.grupa​gra​nica​.pl/​f​i​l​e​s​/​G​r​u​p​a​-​G​r​a​n​i​c​a​-​R​e​p​o​r​t​-​H​u​m​a​n​i​t​a​r​i​a​n​-​c​r​i​s​i​s​-​a​t​-​t​h​e​-​P​o​l​i​s​h​-​B​e​l​a​r​u​s​i​a​n​-​b​o​r​d​er.pdf.
6 Voir la page gouver­ne­men­tale (en anglais) : https://​poma​ga​mu​krainie​.gov​.pl/​p​o​t​r​z​e​b​u​j​e​-​p​o​m​o​c​y​/​p​r​z​y​j​a​z​d​-​d​o​-​polski.
7 Voir la page gouver­ne­men­tale (en anglais) : https://​poma​ga​mu​krainie​.gov​.pl/​p​o​t​r​z​e​b​u​j​e​-​p​o​m​o​c​y​/pesel.
8 À ce jour, les gardes-fron­tières ont compté environ 3,7 millions de passages de la fron­tière ukraino-polo­naise (Source : https://​300gos​po​darka​.pl/​n​e​w​s​/​u​c​h​o​d​z​c​y​-​z​-​u​k​r​a​i​n​y​-​w​-​p​o​l​s​c​e​-​liczba). Pour plusieurs raisons, ce chiffre ne corres­pond pas au nombre de réfu­giés ukrai­niens en Pologne : les retours sont de plus en plus nombreux, il y a des arri­vées depuis d’autres États de l’UE et des départs vers d’autres États. Un article daté du 9 mai 2022 parle de 1,1 millions de numéros PESEL distri­bués aux réfu­giés ukrai­niens (Source : https://​300gos​po​darka​.pl/​n​e​w​s​/​i​l​u​-​u​k​r​a​i​n​c​o​w​-​z​a​t​r​u​d​n​i​o​n​o​-​w​-​p​o​l​s​c​e​-​w​g​-​n​o​w​y​c​h​-​p​r​z​e​p​i​s​o​w​-​m​i​n​i​s​t​e​r​-​p​o​d​a​l​a-dane). Un texte d’OKO​.press, daté de fin avril, évalue à 3,2 millions environ la popu­la­tion ukrai­nienne en Pologne compre­nant ceux qui rési­daient avant le 24 février et celles et ceux venus après le début de l’invasion (Source : https://​oko​.press/​i​l​u​-​u​c​h​o​d​z​c​o​w​-​z​-​u​k​r​a​i​n​y​-​n​a​p​r​a​w​d​e​-​p​r​z​e​b​y​w​a​-​w​-​p​o​l​s​c​e​-​u​s​t​alamy/). Il se base sur un rapport du géographe Paweł Cywiński préparé pour l’Union des Métro­poles de Pologne (UMP) et basé sur la recon­nais­sance de cartes SIM ukrai­niennes (Consulter le rapport (en polo­nais) : https://​metro​polie​.pl/​a​r​t​y​k​u​l​/​r​a​p​o​r​t​-​m​i​e​j​s​k​a​-​g​o​s​c​i​n​n​o​s​c​-​w​i​e​l​k​i​-​w​z​r​o​s​t​-​w​y​z​w​a​n​i​a​-​i​-​szanse).
9 Par exemple Pomoc Ukrainie : https://​inic​ja​ty​wa​sa​siedzka​.org/.
10 Comme celle-ci par exemple : https://​www​.siepo​maga​.pl/​e​n​/​u​k​r​a​i​n​a​-​p​o​t​r​z​e​b​u​j​e​-​w​s​parcia.
11 Voir le site (en polo­nais) : https://​grupa​za​soby​.pl/.
12 Voir le groupe Face­book : https://​www​.face​book​.com/​g​r​o​u​p​s​/​g​r​u​p​a​c​e​n​t​r​u​m.waw/.
13 Voir le site (en polo­nais) : https://​ukrains​kidom​.pl/.
14 Voir le site (en anglais) : https://​salamlab​.pl/​e​n​/​u​k​r​a​i​n​e​-​w​h​a​t​-​h​a​v​e​-​w​e​-​a​c​h​i​e​v​e​d​-​s​o-far/.
15 Lire ce témoi­gnage en anglais d’une Irakienne qui a réussi à traverser la fron­tière biélo­russe vers la Pologne publié sur le site de Salam Lab : https://salamlab.pl/en/i‑survived-crossing-the-polish-belarusian-border-a-testimony/.
16 Site de la fonda­tion Zustricz (en polo­nais) : https://​zustricz​.pl/.
17 Voir l’appel de Grupa Granica du 17 avril 2022 (en polo­nais) : https://​naszwybor​.org​.pl/​a​p​e​l​-2022/.
18 Source : OKO​.press (en polo­nais), 22 mars 2022, https://​oko​.press/​4​0​-​d​n​i​o​w​e​-​n​i​e​m​o​w​l​e​-​z​-​r​o​d​z​i​n​a​-​u​w​i​e​z​i​o​n​e​-​n​a​-​b​a​g​n​a​c​h​-​k​r​y​z​y​s​-​n​a​-​p​o​d​l​a​s​i​u​-​t​r​w​a​-​nadal/.
19 Source : The Guar­dian (en anglais), 14 mars 2022, https://​www​.theguar​dian​.com/​g​l​o​b​a​l​-​d​e​v​e​l​o​p​m​e​n​t​/​2​0​2​2​/​m​a​r​/​1​4​/​f​e​a​r​s​-​g​r​o​w​-​o​f​-​n​e​w​-​c​r​i​s​i​s​-​a​s​-​r​e​f​u​g​e​e​s​-​i​n​-​b​e​l​a​r​u​s​-​d​r​i​v​e​n​-​i​n​t​o​-​u​kraine.
20 Source : Amnesty Inter­na­tional (en polo­nais), 21 décembre 2021, https://​amnesty​.org​.pl/​b​i​a​l​o​r​u​s​-​p​o​l​s​k​a​-​u​e​-​n​o​w​e​-​d​o​w​o​d​y​-​p​r​z​e​m​o​c​y​-​w​o​b​e​c​-​u​c​h​o​d​z​c​o​w​-​m​i​g​r​a​n​t​ow-ek/.
21 Source : wyso​kieob​casy​.pl (en polo­nais), 25 mars 2022, https://​www​.wyso​kieob​casy​.pl/​w​y​s​o​k​i​e​-​o​b​c​a​s​y​/​7​,​1​6​3​2​2​9​,​2​8​2​6​3​0​7​4​,​a​k​t​y​w​i​s​t​k​a​-​z​-​g​r​a​n​i​c​y​-​p​o​l​s​k​o​-​b​i​a​l​o​r​u​s​k​i​e​j​-​m​a​t​k​a​-​d​a​l​a​-​s​i​e​-​z​g​w​a​l​c​i​c​.​h​t​m​l​?​d​i​s​a​b​l​e​R​e​d​i​r​e​c​t​s=true.
22 Voir le rapport d’Amnesty Inter­na­tional Pologne du 11 avril 2022 (en polo­nais), https://​amnesty​.org​.pl/​w​p​-​c​o​n​t​e​n​t​/​u​p​l​o​a​d​s​/​2​0​2​2​/​0​4​/​R​a​p​o​r​t​-​A​m​n​e​s​t​y​-​I​n​t​r​n​a​t​i​o​n​a​l​-​P​O​L​S​K​A​-​O​K​R​U​C​I​E​N​S​T​W​O​-​Z​A​M​I​A​S​T​-​W​S​P​O​L​C​Z​U​C​I​A​-​N​A​-​G​R​A​N​I​C​Y​-​Z​-​B​I​A​L​O​R​U​S​I​A​.​p​d​f​?​s​m​c​l​i​e​n​t​=​9​2​3​f​f​e​2​e​-​1​3​8​d​-​4​b​2​a​-​b​b​d​e​-​2​5​1​1​e​5​d4c666.
23 Source : wyborca​.pl (en polo­nais), 31 mars 2022, https://bialystok.wyborcza.pl/bialystok/7,35241,28286110,prawo-na-pograniczu-push-backi-nielegalne-a-chora-kurdyjska.html?_ga=2.103632000.1288905986.1648582878–11332514.1530023801&disableRedirects=true#S.DT‑K.C‑B.1‑L.1.duzy.
24 Source : Stowar­zys­zenie Inter­wencji Prawnej (en polo­nais), 31 mars 2022, https://​inter​wenc​ja​prawna​.pl/​w​y​w​o​z​k​i​-​p​u​s​h​-​b​a​c​k​i​-​s​a​-​n​i​e​h​u​m​a​n​i​t​a​r​n​e​-​n​i​e​z​g​o​d​n​e​-​z​-​p​r​a​w​e​m​-​i​-​o​p​i​e​r​a​j​a​-​s​i​e​-​n​a​-​n​i​e​l​e​g​a​l​n​y​m​-​r​o​z​p​o​r​z​a​d​zeniu/.
25 Voir la critique du Défen­seur des droits civiques (en polo­nais) : https://​bip​.brpo​.gov​.pl/​p​l​/​c​o​n​t​e​n​t​/​z​m​i​a​n​y​-​w​-​r​o​z​p​o​r​z​a​d​z​e​n​i​u​-​w​-​s​p​r​a​w​i​e​-​c​z​a​s​o​w​e​g​o​-​z​a​w​i​e​s​z​e​n​i​a​-​l​u​b​-​o​g​r​a​n​i​c​z​e​n​i​a​-​r​u​c​h​u​-​g​r​a​n​i​cznego.
26 Source : publi­ca­tion dans le groupe Face­book de Grupa Granica (en polo­nais), 25 mars 2022, https://m.facebook.com/grupagranica/posts/379635740631694?_rdr.
27 Source : site du KIK (en polo­nais), 27 mars 2022 : https://​www​.kik​.waw​.pl/​a​k​t​u​a​l​n​o​s​c​i​-​k​i​k​/​w​o​l​o​n​t​a​r​i​u​s​z​k​a​-​k​i​k​-​z​a​t​r​z​ymana/.
28 Source : Wydar­zenia (en polo­nais), 14 nov. 2021 : https://​www​.rp​.pl/​k​r​a​j​/​a​r​t​1​9​1​0​0​9​8​1​-​z​n​i​s​z​c​z​o​n​o​-​a​u​t​a​-​m​e​d​y​k​o​w​-​p​o​m​a​g​a​j​a​c​y​c​h​-​p​r​z​y​-​g​r​a​n​i​c​y​-​b​i​a​l​o​r​uskiej.
29 Source : OKO​.press (en polo­nais), 16 déc. 2021, https://​oko​.press/​u​z​b​r​o​j​e​n​i​-​p​o​l​i​c​j​a​n​c​i​-​k​l​u​b​i​e​-​i​n​t​e​l​i​g​e​n​c​j​i​-​k​a​t​o​l​i​c​k​i​e​j​-​n​a​-​g​r​a​n​i​c​y​-​j​a​k​-​n​a​j​a​z​d​-​n​a​-​k​a​r​t​e​l​-​n​a​r​k​o​t​ykowy/.
30 Source : Amnesty Inter­na­tional Pologne (en polo­nais), 9 mars 2022, https://​oko​.press/​u​c​h​o​d​z​c​y​-​n​a​s​i​-​i​-​o​b​c​y​-​p​o​d​w​o​j​n​e​-​s​t​a​n​d​a​r​d​y​-​n​a​-​g​r​a​n​i​c​a​c​h​-​z​-​b​i​a​l​o​r​u​s​i​a​-​i​-​u​k​r​a​i​n​a​-​r​o​zmowa/.
31 Voir la page Face­book de Biało­wieska Akcja Huma­ni­tarna [Action huma­ni­taire de Biało­wieża] créée en novembre 2021 : https://www.facebook.com/Białowieska-Akcja-Humanitarna-103160258861314/about.
32 Source : Polskie Radio Bialystok, 27 nov. 2021, https://​www​.radio​.bialystok​.pl/​w​i​a​d​o​m​o​s​c​i​/​i​n​d​e​x​/​i​d​/​207398.
33 Source : site du Muzuł­mański Związek Reli­gijny [Union reli­gieuse musul­mane], 17 mars 2022, http://​mzr​.pl/​p​o​m​o​c​-​d​l​a​-​u​c​h​o​d​z​c​o​w​-​z​-​u​k​r​a​i​n​y​-​w​-​t​a​t​a​r​s​k​i​m​-​c​e​n​t​r​u​m​-​k​u​l​t​u​r​y​-​i​s​l​a​m​u​-​w​-​s​u​c​h​owoli/.
34 Voir la présen­ta­tion de l’Association d’intervention juri­dique en anglais : https://​inter​wenc​ja​prawna​.pl/​e​n​/​a​b​o​u​t​/​w​h​a​t​-​we-do/.
35 Site du portail légal pour les réfugié.e.s d’Ukraine : https://​ukraina​.inter​wenc​ja​prawna​.pl/en/.
36 Source : The Guar­dian, 21 mars 2022 : https://​www​.theguar​dian​.com/​g​l​o​b​a​l​-​d​e​v​e​l​o​p​m​e​n​t​/​2​0​2​2​/​m​a​r​/​2​1​/​p​o​l​a​n​d​-​u​k​r​a​i​n​e​-​r​e​f​u​g​e​e​s​-​e​n​t​i​r​e​-​w​o​r​l​d​-​h​o​s​t​e​l​-​e​v​e​r​y​o​n​e​-​w​elcome.
37 Site de la Warsaw Ukrai­nian School : https://​www​.vshkolu​.edu​.pl/.
38 Page d’information sur le comité : https://​www​.lsi​-lublin​.pl/​i​n​f​o​r​m​a​c​j​e​-​r​o​z​n​e​/​l​u​b​e​l​s​k​i​-​s​p​o​l​e​c​z​n​y​-​k​o​m​i​t​e​t​-​p​o​m​o​c​y​-​u​k​r​ainie/.
39 Voir la vidéo de l’intervention de Katar­zyna Wierz­bińska et Anna Dąbrowska sur la page Face­book d’Homo Faber : https://​fb​.watch/​d​v​b​7​N​89UFm/.
40 Source : Regiony (en polo­nais), 30 mars 2022 : https://​regiony​.rp​.pl/​d​e​b​a​t​a​-​p​u​b​l​i​c​z​n​a​/​a​r​t​3​5​9​7​9​0​4​1​-​s​a​m​o​r​z​a​d​o​w​c​y​-​c​h​c​a​-​z​w​o​l​a​n​i​a​-​o​k​r​a​g​l​e​g​o​-​s​t​o​l​u​-​w​-​s​p​r​a​w​i​e​-​u​c​h​odzcow.
Citer cet article

Fran­ciszek Zakr­zewski et Tymek Skowroński, « Les fron­tières de l’aide en Pologne », in : Antonin Durand, Thomas Chopard, Cathe­rine Gous­seff et Claire Zalc (dir.), Dossier « Migra­tions et fron­tières de l’Ukraine en guerre », De facto [En ligne], 33 | Juin 2022, mis en ligne le 24 juin 2022. URL : https://www.icmigrations.cnrs.fr/2022/06/07/defacto-033–01/

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