Constance De Gourcy et Kamel Chachoua (dir.), Dossier « Mobilités et migrations en Méditerranée : Vers une anthropologie de l’absence ? », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n°144, novembre 2018

Présentation

L’association des termes mobi­lité et absence qui consti­tuent le cœur de ce dossier suggère un parti pris : celui de penser l’immigration avec et à partir des sociétés de départ afin de ne pas consi­dérer cet inter­valle temporel unique­ment du point de vue du lieu de la présence mais aussi avec celui de l’absence. C’est en effet cette tempo­ra­lité effacée et ignorée par la science de l’immigration qu’il convient de réin­tro­duire pour comprendre autre­ment les expé­riences plurielles de la mobi­lité et les inter­roger à l’aune des trans­for­ma­tions induites par le transnationalisme.

Les contri­bu­tions rassem­blées dans ce numéro problé­ma­tisent les pers­pec­tives ouvertes par ce para­digme et explorent des pistes de recherche inédites dont certaines sont mises à l’épreuve des contextes sociaux apparus depuis les révoltes dans le monde arabe. En posant comme hypo­thèse la néces­sité de sonder la densité de l’expérience rela­tion­nelle que l’absence révèle ou dont elle est l’indicateur, les auteurs ont relevé le défi de montrer que l’absence n’est pas seule­ment le contraire de la présence, comme pour­rait le laisser penser le rempla­ce­ment de la « double absence » par la « double présence », mais une autre expé­rience du social au cœur de laquelle résident les effets de la distance et de la sépa­ra­tion. En réunis­sant onze contri­bu­tions de spécia­listes, ce dossier entend ainsi contri­buer au renou­vel­le­ment des recherches sur les ques­tions migra­toires en faisant de l’absence un poste d’observation inédit des trans­for­ma­tions à l’œuvre dans le monde méditerranéen.