CONF : Colloque final de l’ANR LIMINAL « Lingua (non) grata, les langues à l’épreuve des politiques migratoires » — Mardi 14 et Mercredi 15 septembre 2021, Inalco, Paris

Que font aux langues les espaces sociaux de la migra­tion ? De quelles façons mettent-elles à l’épreuve les poli­tiques migra­toires ? Que deviennent les sujets et les langues sur le qui-vive, suspects comme l’est toute parole exilée face à la langue de souve­rai­neté du pays d’arrivée ?Quelles sont les poli­tiques de traduc­tion, le rôle des « tradui­sants », béné­voles ou sala­riés impli­qués dans l’acte de traduire sans en avoir ni le statut ni la légi­ti­mité ? L’expérience migra­toire invente-t-elle des brico­lages linguis­tiques spéci­fiques – un parler de la migra­tion composé d’acronymes, de mots inventés, détournés ou codés, de schib­bo­leths, utilisés par les exilés mais aussi, parfois, par les soli­daires et les admi­nis­tra­tions de l’asile ? Et si c’est le cas, comment quali­fier ce « migra­lecte », le collecter et l’analyser, resti­tuer sa charge subjec­tive, ses violences – colo­niales, racia­li­sées, poli­cières –, et ses puis­sances – de déri­sion, de résis­tance, de subver­sion ? Ces ques­tions ont mobi­lisé les cher­cheurs du programme multi­dis­ci­pli­naire LIMINAL (Linguistic and Inter­cul­tural Media­tions in a context of Inter­na­tional Migra­tions, Agence natio­nale de la recherche /​Inalco) pendant quatre intenses années.

Pour présenter les résul­tats de LIMINAL et réflé­chir aux enjeux du cosmo­lin­guisme consti­tutif des situa­tions de migra­tion, le colloque s’articulera autour de plusieurs ateliers, nommés par
quelques-uns des plus de 400 mots du migra­lecte constitué : WELCOME, BORDER, VIOLENCE – en anglais et en fran­çais, mais utilisés ou compris dans bien d’autres langues ; TARJUMAN en farsi, TARJOMAN en pachto, DALMECHAR en ourdou – l’interprète au sens large ; SHIOU’IYIN, litté­ra­le­ment le « commu­niste » en arabe souda­nais, terme dési­gnant béné­voles et mili­tants ; AGENT, en anglais, ourdou et persan, MUHARRIB en arabe ou SAMSSARI en tigrinya – le passeur, opposé au sens plus neutre du fonc­tion­naire de police ou de l’agent de sécu­rité en fran­çais ; MUHAJIR, l’exilé, le réfugié en arabe mais aussi en dari et pachto ; YUNAN – la Grèce, antique terme qui vien­drait de Ionie ; YÔDEGÔRI en farsi « souvenir de », et enfin BOZA, migra­lecte aux sens multiples… Ces table rondes, avec des commu­ni­ca­tions courtes et des coor­don­na­teurs inter­ve­nants, regrou­pe­ront diffé­rents acteurs de la soli­da­rité et de la recherche, du docu­men­taire et de l’art, dans la droite ligne des
ateliers réflexifs du Brian­çon­nais (14–16 mai 2021). Entre lingua franca et persona non grata, la Lingua (non) grata, inti­tulé du colloque comme de l’ouvrage collectif* à paraitre fin 2021, entend contri­buer à « dé-provin­cia­liser » – au sens de Dipesh Chakra­barty –, la xeno­bu­reau­cratie et ainsi à penser les condi­tions poli­tiques d’une hospibabélité.

Coor­di­na­tion scien­ti­fique & inscriptions :
Alexandra Galit­zine-Loumpet & Marie-Caro­line Saglio-Yatzimirsky
msaglio@​inalco.​fralexandra.​galitzine-​loumpet@​inalco.​fr

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