SOUT : Elif Becan, « Une familière étrangeté. L’accueil des immigrants musulmans des Balkans en Turquie (1923–1964) » — jeudi 28 janvier 2020, EHESS

Elif Becan a le plaisir de vous annoncer la soute­nance de sa thèse de doctorat en histoire, préparée au Centre d’études turques, otto­manes et balcka­niques de l’École des hautes études en sciences sociales (Cetobac-EHESS) sous la direc­tion de Natalie Clayer, intitulée :
Une fami­lière étrangeté
L’ac­cueil des immi­grants musul­mans des Balkans en Turquie (1923–1964)

Composition du jury

  • Nathalie Clayer, Direc­trice de recherche au CNRS et direc­trice d’études à l’EHESS (direc­trice de thèse)
  • Benjamin Gourisse, Profes­seur à l’Ins­titut d’études poli­tiques de Toulouse (rappor­teur) 
  • Alexandre Toumar­kine, Profes­seur à l’INALCO (rappor­teur)
  • Kerem Öktem, Asso­ciate resear­cher au Centre of Southeast Euro­pean Studies 
  • Claire Zalc, Direc­trice de recherche au CNRS et direc­trice d’études à l’EHESS 

Informations pratiques

La soute­nance se tiendra le 28 janvier 2021 à 14h à l’EHESS.
En raison de la situa­tion sani­taire, la soute­nance aura lieu à huis-clos mais reste ouverte au public qui souhaite y parti­ciper à distance. Pour rece­voir le lien de la visio­con­fé­rence, vous pouvez écrire à l’adresse suivante : elifbecan@​gmail.​com.

Résumé de la thèse

Cette recherche porte sur les poli­tiques d’accueil mises en place en Répu­blique de Turquie pour les musul­mans qui immigrent des Balkans entre 1923 et 1964. Ces musul­mans sont juri­di­que­ment des étran­gers, mais le pouvoir n’utilise que très peu ce terme à leur sujet. L’enjeu est d’étudier la rela­tion entre l’accueil et l’identification afin de comprendre la place de la notion d’étranger dans les poli­tiques d’accueil telle qu’elle est fixée, négo­ciée et inter­prétée par les auto­rités légis­la­tives, exécu­tives, diplo­ma­tiques, admi­nis­tra­tives, ainsi que par les immi­grants. Il s’agit de retracer la généa­logie, le déve­lop­pe­ment et la trans­for­ma­tion des poli­tiques d’accueil, en prenant en consi­dé­ra­tion les multiples couches d’étran­geté et de fami­lia­rité présentes dans le travail d’identification de l’État. Ce travail s’inscrit dans une démarche pluri­dis­ci­pli­naire : cette recherche est prin­ci­pa­le­ment histo­rique, mais contient aussi une forte dimen­sion poli­tique et fait souvent appel aux études admi­nis­tra­tives et juri­diques. Dans un premier temps, l’analyse se foca­lise sur les cadres norma­tifs concer­nant le statut juri­dique dont béné­fi­cient les musul­mans des Balkans qui sont accueillis en Turquie. Pour cela, l’étude revient sur l’histoire du voca­bu­laire et des règles mises en place en conti­nuité avec les poli­tiques d’accueil nées à la fin du XIXe siècle dans l’Empire ottoman. La mise en œuvre de ces poli­tiques et leur évolu­tion en fonc­tion du contexte national et inter­na­tional sont ensuite étudiées. Dans un second temps, les procé­dures de natu­ra­li­sa­tion sont retra­cées, en tenant compte des évolu­tions tech­niques du travail admi­nis­tratif et en les repla­çant dans leur contexte poli­tique. En parti­cu­lier, la natu­ra­li­sa­tion collec­tive des personnes qui obtiennent le statut d’immigrant est analysée à travers les caté­go­ries expli­cites qui émergent dans les formu­laires. Dans un troi­sième temps sont présentés les programmes d’aide et de secours en partant de la ques­tion budgé­taire, afin de montrer le souci d’adaptation des poli­tiques d’accueil aux poli­tiques écono­miques et démo­gra­phiques et aux évolu­tions de la ques­tion des droits. Les trans­for­ma­tions qui abou­tissent à la nais­sance des asso­cia­tions de pays sont ensuite analy­sées, de même que les projets de ces groupes d’intérêt qui œuvrent pour la recon­nais­sance de l’expérience profes­sion­nelle des immi­grants. Cette recherche est clôturée par une étude des droits des immi­grants, qui se concentre sur le vécu d’un indi­vidu qui immigre de Skopje à Istanbul au milieu du XXe siècle et sur les démarches qu’il entre­prend pour faire valoir ses études afin de s’insérer dans la vie profes­sion­nelle et plus spéci­fi­que­ment dans la fonc­tion publique.