« Reconnaître la part d’étrangeté que chacun a en soi est la meilleure réponse à toute politique fondée sur la peur des autres », Michel Agier, Le Monde, 25 juin 2024

Michel Agier, anthro­po­logue, direc­teur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le déve­lop­pe­ment, direc­teur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et cher­cheur affilié à l’IC Migra­tions, a publié une tribune, mardi 25 juin 2024, dans Le Monde : « Le racisme anti­juif, anti­noir et anti­mu­sulman est le moteur de l’extrême droite d’hier à aujourd’hui ».

Dans ce texte, il dénonce l’instrumentalisation des ques­tions migra­toires par une partie du spectre poli­tique, qui ne cesse de diffuser des idées sur la migra­tion large­ment démen­ties par la recherche.

« Le thème de la migra­tion, présenté par le Rassem­ble­ment national comme un problème urgent de sécu­rité et d’identité […], masque une infra­pensée raciste réac­tivée face à la circu­la­tion des personnes issues des pays ancien­ne­ment colo­nisés. […] Les faits […] parlent d’une réalité plus grande et ordi­naire que tous les fantasmes véhi­culés à leur propos » explique l’anthropologue.

« Depuis 2018, les nombreuses recherches produites par l’Institut Conver­gences Migra­tions décrivent l’ancrage des migra­tions inter­na­tio­nales dans toutes les sociétés, de départ, de transit et d’arrivée, les trans­for­ma­tions sociales et cultu­relles que vivent les personnes en migra­tion et celles qui les accueillent, mais aussi l’ampleur des violences vécues par les personnes issues de pays du Sud face aux poli­tiques hostiles de la plupart des Etats euro­péens », pour­suit Michel Agier.

A la veille d’élec­tions légis­la­tives anti­ci­pées, Michel Agier nous invite à « regarder autour de [nous] ». « Il est rare, pour ne pas dire excep­tionnel, que chaque Fran­çais n’ait pas dans sa propre généa­logie (ascen­dants, descen­dants, colla­té­raux et conjoints) des personnes à la couleur de peau, à l’accent ou au nom « qui ne font pas fran­çais ». Il est rare que cette alté­rité proche n’ait pas quelque chose à voir avec le passé colo­nial de la France, en Afrique, Asie, Océanie, au Proche-Orient ou aux Antilles. »

« Ce n’est […] pas la ques­tion de la migra­tion qui inquiète l’extrême droite et la droite derrière elle. C’est la part d’étrangeté que chacun a en soi, chaque personne et tout le pays. Recon­naître cette part est la meilleure réponse à toute poli­tique fondée sur la peur des autres », conclut-il.

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