« A Mayotte, de quel droit du sol parle-t-on ? », François Héran, Le Monde, 13 février 2024

Fran­çois Héran, titu­laire de la chaire Migra­tions et sociétés au Collège de France, et président de l’Institut Conver­gences Migra­tions, réagit aux annonces de Gérald Darmanin faites à Mayotte dimanche 11 février. Le ministre de l’In­té­rieur a fait par de sa volonté d’abolir le droit du sol sur l’île.

Dans une tribune parue dans le journal Le Monde le 13 février, Fran­çois Héran s’ex­prime sur cette mesure, en rappe­lant notam­ment « que l’attractivité de Mayotte est d’abord géogra­phique et écono­mique ». Il rappelle que « la poli­tique d’influence menée par la France dans l’océan Indien dans les années 1970 a détaché les Maho­rais des Comores en leur faisant miroiter une pros­pé­rité inespéré ».

« On s’est imaginé qu’il suffi­sait de requa­li­fier les migra­tions internes de l’archipel en migra­tions « étran­gères » pour s’en débar­rasser. Ce n’était pas seule­ment nier les réalités géogra­phiques, écono­miques et cultu­relles, c’était sures­timer les capa­cités de la France à garantir, au sein de l’océan Indien, le déve­lop­pe­ment d’un îlot de pros­pé­rité », écrit Fran­çois Héran.

Le socio­logue revient enfin sur la notion de droit du sol et sur sa prétendue auto­ma­ti­cité. « Il faut en réalité remplir trois condi­tions : être né en France, y avoir vécu pendant au moins cinq ans et toujours y résider à sa majo­rité. A Mayotte, une quatrième condi­tion s’y ajoute depuis 2018 : être né sur place de parents qui étaient en situa­tion régu­lière depuis trois mois », rappelle-t-il. Et d’ex­poser : « le droit du sol ne s’oppose pas au droit du sang, il le complète. »

Retrouvez ci-dessous la tribune de Fran­çois Héran dans son intégralité :