François Héran, titulaire de la chaire Migrations et sociétés au Collège de France, et président de l’Institut Convergences Migrations, réagit aux annonces de Gérald Darmanin faites à Mayotte dimanche 11 février. Le ministre de l’Intérieur a fait par de sa volonté d’abolir le droit du sol sur l’île.
Dans une tribune parue dans le journal Le Monde le 13 février, François Héran s’exprime sur cette mesure, en rappelant notamment « que l’attractivité de Mayotte est d’abord géographique et économique ». Il rappelle que « la politique d’influence menée par la France dans l’océan Indien dans les années 1970 a détaché les Mahorais des Comores en leur faisant miroiter une prospérité inespéré ».
« On s’est imaginé qu’il suffisait de requalifier les migrations internes de l’archipel en migrations « étrangères » pour s’en débarrasser. Ce n’était pas seulement nier les réalités géographiques, économiques et culturelles, c’était surestimer les capacités de la France à garantir, au sein de l’océan Indien, le développement d’un îlot de prospérité », écrit François Héran.
Le sociologue revient enfin sur la notion de droit du sol et sur sa prétendue automaticité. « Il faut en réalité remplir trois conditions : être né en France, y avoir vécu pendant au moins cinq ans et toujours y résider à sa majorité. A Mayotte, une quatrième condition s’y ajoute depuis 2018 : être né sur place de parents qui étaient en situation régulière depuis trois mois », rappelle-t-il. Et d’exposer : « le droit du sol ne s’oppose pas au droit du sang, il le complète. »
Retrouvez ci-dessous la tribune de François Héran dans son intégralité :