« Toutes les études en économie sont unanimes pour dire que l’effet global net de l’immigration sur les salaires et sur l’emploi – qu’il soit positif ou négatif – est très faible. » explique Jérôme Valette, Alternatives Economiques, 6 novembre 2023

Jérôme Valette, écono­miste au CEPII et direc­teur du dépar­te­ment DYNAMICS à l’IC Migra­tions, revient dans un entre­tien avec Alter­na­tives Econo­miques sur le volet écono­mique du texte de loi sur l’im­mi­gra­tion, présenté par le gouver­ne­ment à partir du 6 novembre. Il rappelle ce que dit la recherche en la matière.

Il explique que les 700 000 ‑estimés- immi­grés travaillant illé­ga­le­ment sont surtout dans les secteurs en tension délaissés par les natio­naux (restau­ra­tion, bâti­ment, service à la personne…). Contrai­re­ment aux autres États euro­péens, la France accueille des immi­grés rela­ti­ve­ment peu quali­fiés, bien que la tendance s’in­verse depuis ces dernières années.

Jérôme Valette estime que l’ar­ticle 3 du projet de loi qui ouvri­rait la régu­la­ri­sa­tion aux travailleurs immi­grés sala­riés dans les secteurs en tension est une bonne mesure. Mais il insiste égale­ment sur le fait que cette mesure est assortie de condi­tions très dures : il faut justi­fier de trois ans de présence sur le terri­toire, avoir travaillé huit mois au cours des 24 derniers mois et être compé­tent dans cette liste des métiers en tensions.

Le cher­cheur avance que le travail est un moteur impor­tant de l’in­té­gra­tion : « Le fait d’arriver sur un terri­toire avec une inter­dic­tion de travailler réduit de 15 % la possi­bi­lité d’obtenir un emploi ensuite. Cela a aussi des effets néga­tifs durables sur la capa­cité des immi­grés à s’intégrer. Permettre aux personnes de travailler dès leur arrivée sur le terri­toire, c’est maxi­miser leurs chances d’intégration. »

Seule­ment quatre pays en Europe auto­risent immé­dia­te­ment aux deman­deurs d’asile le droit de travailler. Ce qui est une bonne mesure selon Jérôme Valette car « plus les condi­tions d’accueil sont favo­rables à l’arrivée, plus on maxi­mise les chances d’avoir une inté­gra­tion écono­mique réussie et plus on mini­mise les coûts, liés au chômage, à une augmen­ta­tion éven­tuelle de la crimi­na­lité, etc. »

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