Le thème de la séance portera sur la contestation de la prérogative d’État à contrôler les frontières, à partir de deux points de vue : la critique de la domination et la critique démocratique.
Nous aborderons cette question à travers la présentation, la discussion et la traduction des textes suivants :
Camille de Vulpillières (SophiaPol, Université de Tours) et Juliette Monvoisin (ISJPS) présenteront le texte d’Iseult HONOHAN, « Domination and Migration : an alternative approach to the legitimacy of migration controls » (2014).
Dans cet article, la philosophe I. Honohan s’inspire de la théorie néo-républicaine pour montrer comment les contrôles de l’entrée et de la résidence pour les non-citoyens, expose ces personnes à une double domination, exercée à la fois par l’État (parce qu’elles n’ont pas le pouvoir de contester politiquement ses décisions) et par les autres individus et groupes de la société (parce qu’elles ne bénéficient pas de l’ensemble des protections des citoyens). Selon Honohan, cette domination ne concerne pas seulement les non-citoyens résidents ou ceux qui cherchent effectivement à entrer sur le territoire : la menace d’interférence ou de coercition pèse sur tous les migrants potentiels. Toutefois, contrairement à un argument fondé sur le droit à la libre circulation, la réduction de cette domination n’exige pas la levée complète des restrictions à l’immigration. Le principe de non-domination exige seulement que les contrôles migratoires soient soumis à une réglementation juridique supérieure, et que les politiques et décisions puissent être contestées par celles et ceux qui y sont soumis.
LIEN VERS LE PDF : domination and migration Honohan
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Félix Megret (SophiaPol) et Naintara Maya Oberoi (ENS, LCSP) présenteront le texte d’Arash ABIZADEH, « Democratic Theory and Border Coercion : No Right to Unilaterally Control Your Own Borders », 2008.
Félix Megret (SophiaPol) et Naintara Maya Oberoi (ENS, LCSP) présenteront le texte d’Arash ABIZADEH, « Democratic Theory and Border Coercion : No Right to Unilaterally Control Your Own Borders », 2008.
Dans cet article, le philosophe Arash Abizadeh remet en question l’idée selon laquelle le contrôle de la politique d’entrée, y compris de la circulation, de l’immigration et de la naturalisation, devrait relever de la discrétion unilatérale de l’État lui-même – la justification de la politique d’entrée étant due uniquement aux membres. Cette position, selon lui, est incompatible avec la théorie démocratique de la souveraineté populaire. En effet, accepter la théorie démocratique de la légitimation politique au niveau national implique de rejeter le droit national unilatéral de contrôler les frontières de l’État. Comme le demos de la théorie démocratique est en principe illimité, le régime de contrôle des frontières doit être justifié démocratiquement auprès des étrangers comme des citoyens, dans des institutions politiques auxquelles les étrangers et les citoyens peuvent participer.
LIEN VERS LE PDF : abizadeh No Right to Unilaterally Control Your OwnBorders