PUBLI : Simeng Wang, Francesco Madrisotti, Yong Li, Chloé Luu et Ran Yan « Déni et (d)énonciation du racisme anti-asiatique au temps de la Pandémie de Covid-19. Le cas de la population chinoise en France », émulations, n°42, 2022

Résumé

En France, comme dans le monde, la pandémie de Covid-19 a porté à leur paroxysme les discours et actes racistes envers les popu­la­tions d’origine chinoise et, plus large­ment, asia­tique. En nous appuyant sur les verba­tims des personnes enquê­tées (N=106), réins­crits dans leurs biogra­phies et situés dans la tempo­ra­lité de la pandémie, cet article montre la variété et l’évolution des postures face au racisme anti-asia­tique au sein de la popu­la­tion chinoise en France. Premiè­re­ment, nous étudions la posture du déni, présente notam­ment chez les primoar­ri­vants. Puis, nous exami­nons la plura­lité des registres de (d)énonciation du racisme de la part de primoar­ri­vants, comme de descen­dants. Enfin, nous analy­sons les logiques de poli­ti­sa­tion et d’action collec­tive qui en découlent, en souli­gnant le rôle cata­ly­seur joué par la pandémie de Covid-19 dans la prise de conscience accrue du racisme au sein de la popu­la­tion chinoise en France.

Biogra­phie des auteur​.es

Simeng Wang, CERMES3, France.
Chargée de recherche au CNRS, membre du Cermes3 et fellow à l’Institut Conver­gences Migra­tions. Après une thèse consa­crée à la socio­ge­nèse et l’expression des souf­frances psychiques de migrants chinois et de leurs descen­dants en région pari­sienne (2010–2014, publiée en fran­çais en 2017 et en anglais en 2021), ses travaux actuels se construisent autour de deux pôles : le premier au croi­se­ment des migra­tions asia­tiques et de la santé dans un monde globa­lisé ; le second sur les expé­riences des discri­mi­na­tions et du racisme de personnes d’origine asia­tique en France. Elle est respon­sable du projet ANR Migra­Chi­Covid (2020–2022) et coor­di­na­trice du Réseau de recherche MAF (Migra­tions de l’Asie de l’Est et du Sud-Est en France).

Fran­cesco Madri­sotti, CERMES3, France.
Cher­cheur post­doc­to­rant CNRS au Cermes3. Ses recherches portent sur les mobi­lités trans­na­tio­nales, les expé­riences de racisme et de discri­mi­na­tion, les pratiques écono­miques et la santé mentale en migra­tion. Dans ses recherches, Fran­cesco Madri­sotti intègre les démarches de l’enquête ethno­gra­phique, l’analyse statis­tique descrip­tive et infé­ren­tielle, la métho­do­logie expé­ri­men­tale ainsi que les tech­niques de l’analyse des données massives. Fran­cesco Madri­sotti a récem­ment publié, avec Martin Aran­guren et al., « Anti-Muslim beha­viour in everyday inter­ac­tion : evidence from a field expe­riment in Paris » (Journal of Ethnic and Migra­tion Studies, 2021), et avec Simeng Wang et al. : « “I’m more afraid of racism than of the virus!”: racism aware­ness and resis­tance among Chinese migrants and their descen­dants in France during the Covid-19 pandemic » (Euro­pean Socie­ties, 2020).

Yong Li, Triangle, ENS de Lyon, France.
Docteur en socio­logie, membre de l’IAL (Inter­na­tional Advanced Labo­ra­tory) « Post-Western Socio­logy in Europe and in China », ENS Lyon/​CASS (Chinese Academy of Social Sciences), Triangle. Il est égale­ment fellow à l’Institut Conver­gences Migra­tions. Ses travaux actuels s’articulent autour de trois thèmes prin­ci­paux : les parcours profes­sion­nels des migrants chinois quali­fiés en France et leur mobi­lité trans­na­tio­nale ; l’expérience des discri­mi­na­tions et du racisme des jeunes d’origine asia­tique en France ; et les acti­vités entre­pre­neu­riales des migrants chinois, notam­ment celles déve­lop­pées sur des plate­formes digitales.

Chloé Luu, Univer­sity of Southern Cali­fornia, Etats-Unis.
Docto­rante à l’Université de Cali­fornie du Sud (USC), Los Angeles. Dans la conti­nuité de sa scola­rité à l’ENS de Lyon, elle travaille sur la racia­li­sa­tion des Asia­tiques en France, et notam­ment sur les manières dont ils·elles ont été longue­ment racialisé·e·s à proxi­mité de la blan­chité, dans une dyna­mique d’opposition par rapport à d’autres groupes racia­lisés. À la croisée d’une socio­logie de la race et de racia­li­sa­tion et des Cultural Studies, elle s’intéresse aux appro­pria­tions progres­sives d’appartenances mino­ri­taires et des enjeux de la lutte anti­ra­ciste par les Asia­tiques ces dernières années en France, parti­cu­liè­re­ment à travers la ques­tion de la repré­sen­ta­tion ciné­ma­to­gra­phique et audiovisuelle.

Ran Yan, Diplômée de l’IEP de Paris.
Diplômée d’un Master 2 en commu­ni­ca­tion à Sciences Po Paris, elle est jour­na­liste en France pour la station de télé­vi­sion de Hainan (Chine) depuis 2018. Elle a parti­cipé à une série de repor­tages en lien avec la diaspora chinoise en France au temps de la pandémie de Covid-19. Membre du projet Migra­Chi­Covid, elle est coau­teure de l’article « “I’m more afraid of racism than of the virus!”: racism aware­ness and resis­tance among Chinese migrants and their descen­dants in France during the Covid-19 pandemic » (Euro­pean Socie­ties, 2020) et de la tribune « Avec le Covid-19, la France a perdu ses étudiants chinois » (KOÏ Maga­zine, 2020).

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