PUBLI : Sarah Mazouz, Race, anamosa, 2020

Présen­ta­tion

Les réper­cus­sions mondiales de la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, l’ont montré : plus que jamais il est utile de défendre un usage critique du mot race, celui qui permet de dési­gner et par là de déjouer les actua­li­sa­tions contem­po­raines de l’assignation raciale.

User de manière critique de la notion de race, c’est, en effet, décider de regarder au-delà de l’expression mani­feste et faci­le­ment déce­lable du racisme assumé. C’est saisir la forme sédi­mentée, ordi­naire et bana­lisée de l’assignation raciale et la dési­gner comme telle, quand elle s’exprime dans une blague ou un compli­ment, dans une manière de se croire attentif ou au contraire de laisser glisser le lapsus, dans le regard que l’on porte ou la compé­tence parti­cu­lière que l’on attribue. C’est ainsi expli­citer et problé­ma­tiser la manière dont selon les époques et les contextes, une société construit du racial.

Si le mot a changé d’usage et de camp, il demeure cepen­dant tribu­taire de son histoire et y recourir de manière critique fait faci­le­ment l’objet d’un retour­ne­ment de discrédit. Celles et ceux qui dénoncent les logiques de racia­li­sa­tion sont traité·es de racistes. Celles et ceux qui mettent en lumière l’expérience mino­ri­taire en la rappor­tant à celle des discri­mi­na­tions raciales sont accusé·es d’avoir des vues hégé­mo­niques. Dans le même temps, les discours racia­li­sants conti­nuent de pros­pérer sous le regard indif­fé­rent de la majorité.

Si le mot de race sert à révéler, y recourir est donc d’autant plus néces­saire dans le contexte fran­çais d’une Répu­blique qui pense avoir réalisé son exigence d’indifférence à la race et y être parfai­te­ment « aveugle », « colour-blind », dirait-on en anglais.

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