PUBLI : Laura Odasso, « Les implications du dispositif d’immigration : pratiques de définitions et de redéfinitions publiques et privées des intimités binationales en France et en Belgique », Enfances Familles Générations, n°34, 2019, p.1–24

Présentation

Cadre de la recherche : En France et en Belgique, depuis 2000, des dispo­si­tions légis­la­tives ont renforcé les condi­tions pour conclure les unions entre un national et un ressor­tis­sant non euro­péen et pour permettre à ce dernier d’accéder au séjour. Le dispo­sitif d’immigration — déli­mi­tant un accès sélectif à la nation par la construc­tion des formes accep­tables de « faire famille » — travaille les inti­mités des couples.

Objectif : Cet article inter­roge les chan­ge­ments de l’intimité des couples bina­tio­naux à l’aune des rencontres avec le dispo­sitif d’immigration.

Métho­do­logie : Le maté­riau empi­rique est issu d’une enquête multi­si­tuée conduite par collecte des récits de vie des conjoints d’une centaine des couples, analysés avec la « méthode d’évaluation biogra­phique des poli­tiques », et par obser­va­tions parti­ci­pantes au sein des struc­tures asso­cia­tives dans des villes fran­çaises et belges.

Résul­tats : Au fil des forma­lités admi­nis­tra­tives, l’intimité se fait publique pour ces parte­naires obligés à performer les « amou­reux » comme le dispo­sitif d’immigration le souhaite. Cela implique un travail sur les fron­tières de leur inti­mité conju­gale qui varie selon la perméa­bi­lité des indi­vidus à l’ingérence étatique. Diverses moda­lités de trans­for­ma­tion de l’intimé, en adhé­sion ou en contraste avec la logique étatique, se profilent : « à deux vitesses », « rési­lientes », « en échange » et « en éclats ».

Conclu­sion : Ces inti­mités iden­ti­fiées résultent des « pactes » à la source de l’union et du travail que les parte­naires ont pu effec­tuer aux fron­tières des rencontres avec l’État. Dans une optique de « citoyen­neté intime », ce travail arti­cule des déci­sions privées et des pratiques publiques, ainsi que des dilemmes moraux.

Contri­bu­tion : L’article inter­roge l’imbrication des fron­tières insti­tu­tion­nelles, travaillées par les poli­tiques publiques, et conju­gales, travaillées par les émotions, les attentes et les échanges, par une socio­logie des pratiques perfor­ma­tives et intimes.

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