PUBLI : Nancy L. Green, The Limits of Transnationalism, University of Chicago Press, 2019, 211 p.



Présentation

L’engouement pour le trans­na­tional ne tarit pas, avec de bonnes raisons, mais The Limits of Trans­na­tio­na­lism propose de nuancer notre enthou­siasme en rappe­lant les empê­che­ments, les diffi­cultés, et les rapports de force qui font aussi partie d’une histoire d’échanges et de circu­la­tions. Le trans­na­tio­na­lisme peut impli­quer la traversée des fron­tières physiques ou des fron­tières intel­lec­tuelles. Pour les histo­riens, il est à la fois une pers­pec­tive de recherche ainsi qu’une recherche de trans­na­tio­na­lismes passés, qu’il s’agit du mouve­ment des idées, des matières primaires, ou des gens. Ce livre cherche à ques­tionner ce « moment trans­na­tional » – qui accom­pagne le langage sur la globa­li­sa­tion depuis la fin du 20ème siècle – en parti­cu­lier en ce qui concerne les migra­tions, de manière histo­rique et histo­rio­gra­phique. Malgré la « nouveauté » du phéno­mène initia­le­ment postulé par les anthro­po­logues, la longue histoire du trans­na­tio­na­lisme des migrants ne fait pas de doute. Or, mettre l’accent sur une certaine héroï­sa­tion de l’agent trans­na­tional, capable de saisir l’occasion et mobi­liser les réseaux a fait oublier les entraves. Si l’accent mis sur le trans­na­tional a permis de sortir d’une histo­rio­gra­phie ancrée dans le sturm und drang des expé­riences migra­toires, il a peut-être induit une vision par trop opti­miste de la capa­cité d’action indi­vi­duelle. On doit ques­tionner les fric­tions de la mobi­lité afin de compléter le tableau, se rappe­lant les complexités, voire l’éventuelle faillite des réseaux.