PUB : Carolina Kobelinsky, “Les traces des morts : gestion des corps retrouvés et traitement des corps absents à la frontière hispano-marocaine”, Critique Internationale, 2019

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Résumé

Les corps morts des personnes migrantes décé­dées aux fron­tières de l’Europe sont un objet en tension entre plusieurs façons de les consi­dérer et de les traiter. Lorsqu’un corps est retrouvé, l’identité de la personne décédée est tout d’abord une quête. Pour la déceler, des habi­tants des lieux-fron­tières, des acti­vistes et des personnes migrantes se mobi­lisent afin de recueillir des infor­ma­tions permet­tant de lui attri­buer un nom et de contri­buer à resti­tuer au défunt une place parmi les siens (sa famille, ses pairs). Il n’existe en effet aucun proto­cole offi­ciel spéci­fique visant à redonner un nom et une iden­tité aux corps de celles et ceux qui sont morts aux portes de l’Europe. Le regard est ici posé sur la façon dont les compa­gnons de voyage s’occupent des morts et des disparus à la fron­tière entre l’enclave espa­gnole de Melilla et le Maroc. Fondée sur une démarche ethno­gra­phique, la trame narra­tive est construite autour de la mort d’un jeune homme d’origine malienne et du trai­te­ment de celle-ci. En fili­grane, la notion de trace est mobi­lisée comme un outil permet­tant de saisir ensemble diffé­rentes dimen­sions de cette prise en charge.